Skip to content

Projet Génésis : démantèlement et/ou relance du nucléaire ?

Il y avait débat hier à la Région sur des mesures emploi et sur un projet de recherche dédié à la résistance des matériaux irradiés. Voici l’intervention que j’ai prononcé en séance dans ce débat

Monsieur le Président, chers collègues,

Le groupe EELV approuve le choix de placer ce rapport et cette séance sous le signe de la mobilisation pour l’emploi.

Nous agissons certes dans un temps politique suspendu ..

Nous espérons dans quelques semaines l’avènement d’un gouvernement et d’un Etat qui fermeront la parenthèse de la suspicion à l’encontre des collectivités et des élus locaux et miseront sur eux pour engager de nouvelles dynamiques de développement local, aussi solidaires qu’écologiquement innovantes.

Nous appelons de nos vœux une « réforme de la réforme » des collectivités, sous la forme d’un nouveau round de décentralisation qui confortera les régions et leur rôle en matière de soutien à l’économie.

Mais le chômage continue à augmenter, l’emploi ne peut bien sur pas attendre le résultat encore hypothétique des présidentielles.

C’est pourquoi nous adhérons, ainsi que nous le propose Guillaume Bachelay dans ce rapport, au choix « d’actionner tous les leviers dont la région dispose pour favoriser l’emploi. »

Nous connaissons tous des petites et très petites entreprises, des entreprises artisanales, des porteurs de projets, qui se portent bien mais dont l’avenir est compromis par la défaillance patente et récurrente des établissements de crédit.

Aussi, nous approuvons la mise en place du contrat de « soutien PME emploi » qui pourra permettre, sans se substituer aux banques puisque leur concours sera requis sur le principe 1 €uro de prêt bancaire, pour un 1 €uro Région, d’accorder des avances remboursables à ces PME dont le développement est compromis par le « crédit crunch ».

Nous approuvons également, au vu des enjeux liés à la pyramide des ages le renouvellement de l’appel à projets reprise/transmission. Et aussi la majoration des aides régionales à la formation des salariés des entreprises en difficulté qui pourra utilement réduire les risques de perte d’emploi.

L’investissement public régional pluriannuel en faveur de la modernisation des gares et des haltes ferroviaires et du haut débit dont nous ont parlé Noël Levillain, doit aussi être souligné. Les ambitions affichées, comme les montants alignés, apportent la démonstration que notre collectivité ne se contente pas de parler, elle agit.

Nous nous réjouissons, bien sur, au vu d’une première évaluation, de la revalorisation des barèmes d’intervention du chèque énergie que vient d’annoncer Véronique Bérégovoy.

Cela permettra aux haut-normands de davantage investir dans l’efficacité énergétique et contribuera à booster l’activité des artisans engagés dans cette mutation au long cours.

Plus globalement, nous continuons à miser sur l’Appel à projets énergie dont la seconde édition sera lancée prochainement.

En complément du soutien régional à l’émergence de la filière de l’éolien en mer, ce dispositif a indéniablement contribué à l’amorçage de dynamiques économiques nouvelles sur les enjeux de la transition énergétique.

Le soutien au projet WIN illustrera demain les potentiels d’un virage énergétique résolu.

Tout irait donc bien dans le meilleur des mondes si nous n’étions, comme vous le savez… contrariés par la proposition de soutien au projet de recherche Génésis, au titre de ce même Appel à projets.

Il ne nous est aujourd’hui certes pas proposé d’individualiser un soutien à ce projet.

Mais puisque ce soutien est dans les tuyaux, il nous a semblé logique, transparent, honnête, de faire part de notre sentiment sur un sujet, auquel vous le savez, nous accordons la plus haute importance.

Et j’imagine que personne ne sera étonné que notre groupe voit ce projet d’un mauvais œil. Brièvement :

Le 11 mars dernier, les français qui ont manifesté en chaîne humaine dans la vallée du Rhône à l’occasion de la sinistre commémoration de la catastrophe nucléaire de Fukushima, étaient plus nombreux qui ceux qui se sont retrouvés à grands renforts de TGV gratuits et de médias au meeting d’entrée en campagne du président candidat de l’UMP.

Le débat public sur l’avenir de cette filière, maintes fois tronqué, reporté, promis, devra avoir lieu.

Tout simplement parce qu’un grand nombre de nos concitoyens ne se résignent pas à cette exception française, à cette forme d’arrogance qui nous porte à fermer les yeux sur une technologie certes nationale, mais qui n’a jamais été mature et qui est aujourd’hui dépassée.

Dépassée du fait des risques inédits qu’elle fait courir à la vie, à la nature.

Dépassée au vu du fiasco économique de la dernière technologie EPR.

Dépassée au vu du coût social, astronomique pour les budgets des familles, du choix massif et spécifique à la France, du chauffage à l’électricité.

On sait depuis le début du programme électro nucléaire que les opérateurs et l’Etat ont convenu de laisser les générations futures se débrouiller avec les déchets nucléaires..

On découvre, 25 ans après le début de l’interminable démantèlement de la centrale de Brennilis, que le démantèlement n’est ni financé, ni au point…

Ce qui d’ailleurs porte le coup de grâce à la légende de l’électricité nucléaire bon marché..

Justement, nous dit on, le projet Génésis, en renforçant les moyens de recherche des matériaux irradiés pourra aider à l’émergence d’une filière de démantèlement…

à Europe écologie, nous sommes pour décider maintenant d’une sortie du nucléaire qui ne pourra se concrétiser, si on est réalistes, et nous le sommes, avant une génération.

Ce temps est le minimum nécessaire pour rattraper nos retards en matière d’efficacité énergétique et d’alternatives énergétiques, mais aussi pour lever le problèmes complexes qui appellent des efforts de recherche qui, en matière de démantèlement, n’ont inexplicablement pas été accomplis jusqu’ici.

C’est pourquoi vous me permettrez de douter qu’ils seront engagés aujourd’hui alors que la décision politique de sortie du nucléaire n’a pas été prise et dépend, dans le meilleur cas de figure d’un débat parlementaire promis pour la nouvelle mandature.

Par ailleurs, le projet qui nous été soumis, s’il fait référence à des recherches sur la résistance des matériaux irradiés dont personne ne peut contester l’utilité, se réfère également à la perspective de nouveaux process de fusion nucléaire et d’une nouvelle génération de réacteurs, dans le prolongement des recherches du programme ITER.

L’industrie nucléaire en France, a un statut à part. La transparence n’est pas sa qualité première.
Ecologistes, nous ne souhaitons pas cautionner cette prise de risque : croire financer la recherche sur les matériaux irradiés et nous retrouver au final à aider un nouvel avatar de de cette fuite en avant perpétuelle qui est la marque de fabrique de cette industrie.

No comments yet

Laisser une réponse

Vous pouvez utiliser des balises HTML basiques dans votre commentaire. Votre adresse email ne sera pas publiée.

Suivre ce commentaire via son fil RSS

POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie