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La PME HISA se tranforme en SCOP pour se développer en misant d’abord sur les hommes et les femmes qui y travaillent

« .. J’ai pensé et clamé depuis longtemps.. que l’entreprise  devait appartenir aux entrepreneurs et non à des investisseurs-spéculateurs qui n’ont pas la notion de l’entreprise, qui ne vivent pas l’entreprise. Le constat que je fais aujourd’hui va encore plus loin. Je pense que l’entreprise doit appartenir à ceux qui y travaillent… ».

Ainsi parle un patron haut-normand qui a choisi  de céder son entreprise sous statut SCOP (société coopérative et participative) à ses collaborateurs et salariés. Je trouve que cette parole résonne fort, à l’heure de l’interminable quête d’un repreneur-investisseur d’Arcelor Mittal ou Pétroplus. Il s’agit certes là de multinationales détenues par.. des investisseurs, qui sans doute, « ne vivent pas l’entreprise ».

La Scop créée ce 30 novembre est, elle, une PME haut-normande de 135 salariés, la société HISA, société d’ingénierie réputée dans l’industrie. Dans le débat national sur la ré-industrialisation, c’est l’archétype de la PME qui fait la force du tissu industriel allemand et que la France a trop longtemps négligé au profit des multinationales.

Cette entreprise aux carnets de commande bien remplis prévoit de se développer. Le choix de la SCOP correspond à la volonté partagée, du chef d’entreprise cédant et des salariés qui ont massivement adhéré au projet en devenant associés, de miser sur les ressources internes et la participation de tous, pour se développer, prospérer, ancrer les activités dans la région, créer de nouveaux emplois qualifiés.

115 salariés deviennent aujourd’hui associés en souscrivant collectivement 430 325 € au capital de la Scop. Ils bénéficient de l’aide de la Région, via le dispositif Région coopérative destiné à soutenir les créations ou reprises d’entreprises en Scop ou Scic sur le principe d’un €uro Région pour chaque €uro souscrit par un associé. Pour ce beau dossier, notre Collectivité a décidé de déplafonner son dispositif pour contribuer à hauteur de 199 825€ du total.

Cette belle histoire intervient à point nommé dans cette période de grandes difficultés. A un moment où chacun peut sentir qu’il faudra plus que des invocations répétées au retour de la croissance ou à une compétitivité fondée sur la fragilisation des revenus et de la protection sociale,  pour retrouver les temps bénis des « 30 glorieuses » ou des 30 nettement moins glorieuses qui ont  fait suite au premier choc pétrolier. Nous ne sommes plus en période de « crises ». Nous changeons de monde.

Il est donc grand temps d’anticiper et d’inventer les modes de vie et les façons de travailler à même de rendre cette mutation de société bénéfique et pourquoi pas, heureuse.

L’économie sociale et solidaire (*), l’entreprendre autrement, la coopération, j’en suis convaincu, participent de ces tentatives tellement nécessaires, de développer des modèles économiques nouveaux, fondés sur le facteur humain.

4 familles de critères distinguent l’économie sociale et solidaire des modes classiques :

– les finalités de l’entreprise; l’utilité sociale et sociétale de ses activités

– le choix de gouvernance, la participation des salariés, la démocratie dans l’entreprise

– la lucrativité limitée : échelle des rémunérations réduite, partage des bénéfices

– l’ancrage dans les territoires, la responsabilité sociale et environnementale

Ces principes concernent, ou plutôt devraient concerner, la plupart des entreprises. Ils pourraient orienter les politiques publiques d’aide à l’économie.

A  quoi bon aider des multinationales qui pratiquent la chasse à  la défiscalisation ou à la délocalisation ?

Pourquoi apporter des fonds publics à des boites pour lesquelles, ostensiblement, le facteur emploi ou le facteur environnement (énergie, ressource en eau, qualité de l’air), sont des variables d’ajustement ?

Les entrepreneurs associés d’HISA vont mécaniquement toucher un premier dividende de leur choix. Le résultat est partagé entre le renforcement des réserves et capacités de l’entreprise et la rémunération des salariés. Et ce résultat est amélioré puisque l’impôt sur les sociétés est réduit pour la part mise en réserves.

Mais ils voient plus loin. Tout au long de la phase de réflexion et d’appropriation du projet,  ils ont manifesté leur souhait de rester indépendants, dans leurs choix, leurs méthodes et leur travail, comme dans leurs envies de développer l’entreprise. Ce que garantit le statut Scop : la société n’est ni « opéable » , ni dé-localisable.

La création ou la pérennisation d’une activité économique reste une aventure, y compris  sous format coopératif. Il convient donc en premier lieu de leur souhaiter de réussir en travaillant heureux! J’y ajouterai le souhait.. qu’ils fassent des petits en convainquant :

– Les chefs d’entreprise « baby boomers » qui partiront nombreux en retraite dans les 10 prochaines années et s’interrogent sur la meilleur façon de pérenniser l’outil de travail. Pourquoi pas la transmission en Scop ?

– Les syndicats de salariés souvent perplexes à l’idée que les salariés deviennent leurs propres patrons

– les professionnels de la création d’entreprise qui découragent parfois les candidats créateurs en coopérative par manque .. d’information.

La Région Haute-Normandie est mobilisée pour soutenir de tels projets, dans la phase d’étude et de préparation via l’appel à projets annuel Eco-Région-Solidaire. qui sera lancé le 6 décembre. Via l’aide régionale à l’ESS (Aress) et bien sur, avec Région Coopérative.

Ce dernier dispositif, je tiens à le souligner, fut une des idées originales portées par la liste Europe écologie aux régionales de 2010. Intégrée dans l’accord conclu entre les 2 tours des élections avec le Parti socialiste, elle a été mise en oeuvre dès 2011. On dit suffisamment que les idées des élus durent le temps des campagnes pour qu’il me soit permis de le souligner.

De plus, depuis le 1er novembre 2012, les porteurs de projets de Scop et Scic, peuvent bénéficier de l’appui du nouveau chargé de mission de l’Union régionale des Scop (Urscop) installé en Haute-Normandie avec le soutien de la Région. L’Urscop a d’ailleurs accompagné tout le processus de transformation d’Hisa depuis le début de l’année.

Longue vie à la Scop Hisa et à ses salariés entrepreneurs. Merci à eux tous de donner à voir une réalité du monde des entreprises bien éloignée des caricatures qui font la une.  

 

(*) Pour en savoir plus sur l’économie sociale et solidaire en Haute-Normandie : l’Adress

crédit photo : Marie Hélène Labat

2 Commentaires Post a comment
  1. Salut,

    Merci pour cet article, je réalise actuellement un dossier d’étude sur la transmission en scop, je vais pouvoir mettre un cas réel grâce à vous 🙂

    Merci encore et à bientôt.

    Nathan.

    mars 18, 2014
  2. I’m not that much of a internet reader to be honest but your sites really nice, keep it up!
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    Cheers

    août 29, 2014

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie