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Vous avez dit attractivité ?

C’est arrivé chez Lubrizol. Mais, aucun rouennais ne l’ignore, l’accident industriel du 21 janvier aurait pu survenir ailleurs. A quelques centaines de mètres ou à quelques kilomètres, sur l’un des multiples sites pétro ou agro-chimiques qui constellent notre méandre de Seine et notre « Grand Port Maritime », de Oissel à Moulineaux.

L’industriel se donnera t’il réellement les moyens de comprendre et prévenir de telles défaillances de ses process?  Les services de l’Etat sortiront ils de la culture de la communication minimaliste voire du mensonge par omission? L’avenir le dira.

Un effet collatéral est d’ores et déjà garanti : l’effet d’image. L’accident de Lubrizol vient de ruiner des années d’efforts accomplis par les acteurs publics et privés en faveur d’une nouvelle attractivité de notre agglomération et de notre région.

La Haute-Normandie traîne une réputation à bien des égards injuste : depuis 20 ans, des industriels ont sérieusement investi pour réduire leurs impacts environnementaux et les risques, et on ne saurait réduire nos territoires et ses habitants aux seules -bien réelles- pollutions de notre air ou de notre ressource en eau.

Mais ce sont les autres, toujours les mêmes, qui continuent à « tenir le haut du pavé ». Ceux qui monopolisent les postes de représentation (au Ceser, au Conseil de développement de la Créa, dans les cénacles et les clubs d’entreprise, dans les chambres consulaires) et donnent une vision unique et passablement désuète du monde économique local.

Le lendemain du précédent accident industriel majeur survenu en plein coeur de Rouen, quand un poids lourds chargé d’hydrocarbures s’est enflammé sur le pont Mathilde nous en privant pour longtemps, on a ainsi assisté médusés à un lobbying sans état d’âmes de porte-paroles de la CCI.. voulant obtenir la réouverture de la circulation des poids lourds sur les quais du centre ville!

Quelques jours plus tard, alors que 15 000 seino-marins étaient -cas unique en France- privés d’eau potable pour cause de turbidité, sans considération pour les quelques 300 000 habitants de la région réduits à consommer chaque année une eau dépassant les concentrations de nitrates ou de pesticides admises, on voyait sortir les tracteurs et les déclarations incendiaires de ceux des leaders de la profession qui persistent à nier les impacts de l’agriculture industrielle et intensive sur la santé publique.

A l’ombre de ces représentations caricaturales, de multiples acteurs; chercheurs, entrepreneurs, fermiers, citoyens,  s’activent dans notre région. Pour inventer et créer les industries de l’avenir et les activités créatrices de richesses, d’emplois, de vivre ensemble, de culture pour demain, tout en ménageant notre patrimoine et nos ressources naturelles.

Ceux ci changeront demain l’image et la réalité de la Haute-Normandie, la rendront effectivement attractive.

Mais il faudra au préalable que nous cessions de nous faire mener en bateau.

Par ceux qui prétendent orienter les choix d’investissements de notre région (les infrastructures !) au nom d’une « attractivité » en réalité réduite à sa plus simple expression : les intérêts étroits, de court terme, de la poignée de grands groupes industriels et agro-industriels qu’ils représentent.

Au prix de notre environnement, de notre santé ou de notre sécurité…

Et au prix de la dégradation durable de l’image de notre ville et de notre région.

3 Commentaires Post a comment
  1. thillay #

    pour participer instances consultatives, de notre région, je ne suis pas sûr qu’il soit tout à juste de mettre tout le monde dans le même sac. j’en connais plusieurs qui font de leur mieux pour a contribuer à faire évoluer les situations, faire avancer des propositions.
    on peut cependant souhaiter que les élus fassent plus de cas des travaux de ces instances. Cela favoriserait la participation des organisations qui verraient leurs efforts récompenser…

    janvier 27, 2013
    • Claude BARBAY #

      Cher Claude

      cela me semble de la même eau que le communiqué de EELV sur Lubrizol un chef d’oeuvre… en ce qu’il montrait une non connaissance de ce qui existe, se poursuit sans bruit depuis 2002…
      et tu en remet une couche…. les associatifs ne sont pas exempts puisque l’un d’entre nous tenait à peu de chose prêt la même ligne dans une interview à Paris Normandie pour un anniversaire d’AZF…. montrant qu’il ignorait tout du patient travail réalisé sur GPN mais aussi sur les autres sites du CLIC de Rouen… où les « invités » représentant les politiques qui brillent par leur absence ou leur statut de second couteau ne sont pas consultés par les étoiles quand elles chantent leurs propres louanges sur les média.

      l’effet d’image

      Pour disposer d’une image, encore faudrait il en avoir réellement besoin !
      Dans toutes les analyses régionales soutenues par EELV il conviendrait d’abord de mettre en cause le caractère statique et partiel de ce qui forme l’analyse officielle. Tant SRADT que SRCAE reproduisent ces insuffisances ce qui conduit à deux impasses :
      * considérer l’état actuel comme stable quand ce sont plutôt les tendances d’évolutions qu’il faut percevoir et sur lesquelles il importe d’agir
      * faire montre d’une auto-satisfaction (industrie ou GPM….) banale dont nous sommes coutumiers mais qui n’a pas grand intérêt et pas lieu d’être. Dès que l’on regarde ce qui s’est passé sur une ou deux décennies et se prolonge sans inversion de tendance qui chercherait à prendre en compte l’évolution du cycle de « rentabilité » obtenu en cassant l’encadrement ancien (social et de sécurité) du transport maritime qui avait créé une pseudo innovation momentanément juteuse nous avons une autre image de la réalité régionale qui s’impose et ne ressemble pas à ce qui est retenu par nos élus de tous bords.

      Allons – nous continuer de ne pas nous situer sur le bon terrain et attendre encore 15 ans avant de nous apercevoir (ce que font les étasuniens qui mettent en cause pour eux le dogme de la santé économique dépendant de ce commerce international sans cesse croissant prétendant assurer le développement pour tous) que la logique qui nous est imposée de l’extérieur correspond à une DIT qui conduit notre Région (et l’Europe tout entière d’ailleurs) sans cesse un peu plus vers l’impasse d’un nouveau sous-développement dont on détecte parfaitement les deux caractéristiques les plus notables : domination de notre économie (véritables décideurs extérieurs) et désarticulation de ses différents secteurs résiduels les uns par rapport aux autres dans le même temps où la paupérisation de nos populations réduit la taille de nos marchés intérieurs (et mettra rapidement maintenant en difficulté y compris les importateurs, et leurs accompagnateurs de stockage, transport et logistique… privés d’une fraction de plus en plus importante de leurs clients)….. c’est cela l’image de la Région pour ceux qui savent regarder !

      Ainsi que nous l’avons précédemment dit sans être écouté ni entendu, la réussite des GPM n’implique nullement celle de la Région pas plus que celle de notre Pays d’ailleurs.
      Baser son développement sur une importation massive de productions délocalisées dans des pays ou même zones franches à bas coût salarial c’est oublier que les salaires versés ici, considérés par nos doctrinaires libéraux seulement comme un coût trop élevé à diminuer drastiquement (ainsi que par la flexibilité…) forment en fait le revenu des futurs consommateurs qui ainsi formuleraient une « demande effective » assurant l’écoulement des productions réalisées (une circulation actuellement entravée qui forme une spirale vicieuse car se restreignant de plus en plus sur elle-même).
      Se contenter d’instantanés indûment considérés comme « réussite » cela revient à s’empêcher de considérer ces différents flux circulant dans leurs implications dynamiques. Et cantonner » l’économie verte » dans une économie sociale à la marge de ce qu’impose le capitalisme financier… n’est ce pas assurer la perpétuation du système d’exploitation de nos populations paupérisées ?

      Il est quelque peu tragique de voir des dispositions retenues dans le cadre européen, national, régional soit disant pour « sortir de la crise » quand les études keynésiennes des années 70 ont montré que cela conduisait à des impasses enfonçant ceux qui les prennent inéluctablement dans cette crise devenue insoluble….

      Une analyse tronquée produit ces mêmes effets de détérioration du contexte que l’on maîtrise d’autant moins qu’on refuse de le connaître pour ce qu’il est.
      Nous pâtissons de ce que les erreurs libérales qui autrefois nous ont conduit au gouffre de la crise de 1929, relookées mais tout aussi erronées et toujours en capacité d’engendrer des chaos du même type – toutes choses égales par ailleurs – ont de nouveau occupé le sommet de la pensée unique oubliant quasiment tout l’apport de Keynes qui n’a pas fourni de solutions mais des moyens d’analyse… à ne pas négliger. (Ce qui est à rejeter ce sont les pseudo – solutions baptisées keynésiennes utilisées pour des relances finalement de facture très « néo-classiques )

      Il manque généralement dans le descriptif de l’industrie mais aussi des CCI de la Région un point déjà souvent abordé dans les débats publics ainsi que dans la contestation en Comité de Bassin du projet Grumbach, c’est celui de l’absence de notre région des « véritables décideurs » des industries dont on se plait à vanter les reflets palissant en se contentant d’images fixes (quand c’est dans l’évolution que réside l’élément instructif pour nous)…. Ces dirigeants en poste dans la région que nous croisons en particulier au SPPPI, sont des cadres compétents souvent « très fréquentables » mais ils n’ont rien « d’entrepreneurs innovants »… ce sont des metteurs en onde des directives qui leur sont imposées par les véritables décideurs au mieux parisien, au pire du siège expatrié de leur FMN.

      La conséquence pour nous est sensible dans les CCI, les GPM et projets régionaux qui en résultent, car ces dirigeants sont les apôtres de ce « qui a réussi ailleurs » nous conduisant à n’être que des suivistes se situant toujours dans la phase descendante du cycle de « rentabilité » des innovations proposées… qui ont déjà épuisé leur véritable capacité à fournir du retour sur investissement… toujours en retard de 10 à 15 ans… sur les véritables innovations du moment.. (bonnes ou mauvaises c’est une autres phase du débat)
      En termes simples disons que nous avons des « copieurs » (au sens de Schumpeter) quand il nous faudrait des « innovateurs »…. il convient d’ajouter ce volet pour comprendre  » l’inféodation dont crève notre région » comme l’ensemble de notre Pays, nous entraînant vers un sous-développement annoncé lié à notre passage en « périphérie » du centre de l’économie monde qui s’est déplacé de la zone atlantique à la zone pacifique…. Nous avons vraiment besoin d’exploiter les apports de Fernand Braudel, galvaudés voir retournés indument pour tenter de justifier le projet Grand-paris- Vallée de Seine et ses avatars (y compris Attalien )… alors pour se refaire une « image »… sortons des clichés !

      janvier 28, 2013
  2. Claude #

    @ Philippe : Oui bien sur. Ce ne sont pas les instances en question qui sont visées mais ces quelques acteurs du monde économique qui finissent par les déconsidérer à force de les transformer en relais de lobbying pour des « projets » portuaires, routiers, et même ferroviaires aussi pharaoniques que peu réalistes.
    La matière grise régionale s’en trouve stérilisée..et les crédits immobilisés. Aux dépends de l’innovation sociale, je crois que tu en sais quelque chose.

    janvier 27, 2013

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie