L’UMP A LES NERFS

Protestations sur les bancs de l’UMP ce matin au Conseil régional quand j’ai dénoncé, en cette journée des droits de l’homme, la complaisance de Sarkozy envers Poutine, la dictature chinoise et Kadhafi. Ces âmes sensibles se sont mêmes levées de leur siège et ont quitté la séance quand j’ai répondu à l’interpellation de leur président de groupe en maintenant mes propos. Je vous laisse juger à la lecture du rapport ci dessous. Le passage en cause est en fin d’intervention.

Conseil régional – Plénière du 10 Décembre 2007

Rapport Aide au Développement

Intervention de Claude Taleb

Monsieur le Président, Mmes et Ms, chers collègues,

Je suis heureux que l’examen et le vote de la politique d’aide au développement de notre collectivité soit l’occasion de vous rendre compte de quelques unes des impressions et des conclusions que m’a inspiré notre récente délégation dans l’Ile Rouge, Madagascar.

Je ne suis pas sûr que toute notre assemblée sache qu’Atsinanana est le nom de notre région partenaire, mais je peux vous assurer qu’à 10 000 kilomètres d’ici, vivent et espèrent des personnes qui ont appris à connaître et aimer la Haute-Normandie, comme une région suffisamment responsable et ouverte sur le monde pour s’intéresser au développement d’une terre qui compte parmi les plus pauvres.

Ces personnes, ce sont environ 100 paysans qui ont été accueillis en formation, 4 mois durant, ces deux dernières années, dans le cadre du programme campus paysan, pour être formés à l’amélioration des techniques de riziculture et à la diversification des productions.

Ce sont plusieurs dizaines d’apprentis devenus artisans du bois, grâce aux formations suivies au Centre social de Tamatave et grâce aux transferts et aux échanges de savoir-faires, entre formateurs de Tamatave et du lycée du bois d’Envermeu.

Ce sont également des universitaires, qui préservent l’enseignement du français langue étrangère et qui se battent aujourd’hui pour que l’université de Tamatave soit la première de l’Ile à adopter le système LMD…

Ce sont enfin, de jeunes cadres de haut niveau, formés en France, qui sont retournés à Tamatave pour développer leur pays et qui sont aujourd’hui les piliers de notre coopération, à l’université, à la région, à la chambre de commerce..

Le fil conducteur de notre coopération est facile à distinguer: il s’agit d’actions de formations vers l’activité et l’emploi. L’objectif c’est d’aider les paysans à passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture de rente. C’est de former des artisans du bois à leur discipline tout en les aident à mettre en place des filières de commercialisation.

Pour passer de la formation à l’emploi, nous finançons, l’achat de kits de petit outillage pour les apprentis et pour les paysans. Nous appuyons la création d’une caisse de micro crédit indispensable pour acheter des animaux d’élevage ou un premier stock de bois…

Au niveau institutionnel, le Chef de Région sollicite des transferts de compétences de l’administration régionale pour préparer au mieux la décentralisation annoncée pour 2008. Le développement agricole durable et la formation des cadres malgaches nous ont permis d’obtenir un accompagnement du Ministère des affaires étrangères pour les 3 prochaines années.

Il nous sera donc possible, en 2008, si le budget soumis à votre approbation est adopté, de mobiliser près de 200 000 Euros pour la coopération avec la région d’Atsinanana. Les impacts, déjà mesurables, de cette action, seront renforcés par l’action conjointe et concertée, à nos cotés, de la région Basse Normandie.

Monsieur le Président, Chers collègues,

La coopération est une question de solidarité et de responsabilité planétaire. Le succès de nos appels à projets annuels et l’audience grandissante de la semaine de la solidarité internationale, dont la région est le principal partenaire, démontrent le dynamisme du secteur associatif et citoyen régional.

Un nombre croissant de haut normands n’envisagent pas leur avenir hors d’une action vigoureuse pour combattre les inégalités de développement.

En coopérant, ils apprennent à apprendre des autres, car, faut il le souligner, la coopération appelle la réciprocité et fonctionne dans les deux sens.

J’ai été très fier de représenter notre collectivité et notre région à Tamatave. J’en suis revenu renforcé dans la conviction de la nécessité d’encore mieux informer les habitants de notre région des actions que nous portons, pour qu’ils partagent cette satisfaction, mais aussi pour qu’ils mesurent l’ampleur des défis que nous avons tous à relever pour préserver un monde vivable.

Mais vous seriez surpris que je n’évoque pas, ce 10 décembre, la journée des droits de l’homme. Le respect des droits de l’homme et le soutien au développement de la démocratie sont des critères incontournables du choix des projets et des régions partenaires. Depuis longtemps, les efforts opiniâtres des ONG sont régulièrement réduits à néant par les choix sans état d’âme d’une coopération d’état française habituée à soutenir les pires états voyoux, et tous les dictateurs dAfrique dès lors qu’ils sont dociles. Je ne peux aujourd’hui que m ‘associer aux protestations de tous ceux qui n’acceptent pas la conception toute particulière qui est celle du chef de l’Etat en la matière. Le tapis rouge aujourd’hui déroulé à Kahdafi, comme le coup de fil de congratulations à Poutine ou les revérences faites aux vieux dictateurs chinois ternissent l’image du pays des droits de l’homme. Mais il y a plus grave, car les fameux contrats qui servent d’alibi à ces courbettes reposent sur la vente de centrales nucléaires. Or l’étanchéité entre nucléaire civil et nucléaire militaire n’existe pas: le déni des droits de l’homme n’est pas seulement humainement révoltant, il fait aussi courir des risques à la sécurité collective planétaire.

Dans l’immédiat, je vous invite à approuver les dispositions techniques, administratives et financières contenues dans les pages … à … du rapport de Monsieur le Président.