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Ambiance à la fac

J’ai reçu ce témoignage, d’Ana, étudiante à Censier Perturbant, non?

A la fac…

Censier est en fermeture administrative, une manière comme une autre d’ "éradiquer" le mouvement de grève. De le nier efficacement, du moins. C’est vrai que ça saôule tout le monde; c’est mon cas vu que je suis à la bourre pour mon mémoire et tout et tout… Cela dit les méthodes de la Présidence sont dérangeantes. Vous verrez, si vous allez jusqu’au bout, à Lyon, c’est bien pire. A défaut d’être innovants dans la forme, certains des grévistes au piquet, n’ont pas tord sur le fond, au moins sur l’utilité d’un débat. ça paraît pas édifiant à vue de nez. Sans eux je ne saurai presque rien de la loi Pécresse, vu que c’est un truc qu’on sait pas bien nous expliquer une loi, disons même une loi-cadre.

Et les présidents d’université,notamment le mien, Mr Bosseredon, n’ont pas lésiné sur les moyens de pressions . Vigiles etc…plus quelques mesures assez démagos et assez coûteuses pour mater les grévistes et draguer les non-grévistes qui se lèvent tôt. Tout ça, c’est quand même une histoire de pouvoir et de gros sous (cette loi rend le président plutôt omnipotent, déja qu’il est nommé) et par ailleurs c’est pas très ambitieux: Y rien sur les contenus pédagogiques, aucun souci d’équilibrer les filières sur un plan national ou quoi…ça veut dire qu’il y a des pôles qui vont s’asphyxier et disparaître. Je suis tellement peu attachée à l’Université que je me rendais pas compte que certains s’investissent et en attendent sincèrement quelque chose. Pour ceux-là sans doute, il y a quelque chose à sauver dans cette chère institution "égalitaire", il disent (?). Pour eux je suis un peu solidaire car j’aimerais avoir ce bel enthousiasme ou cette chouette foi je ne sais pas. Et je l’ai d’ailleurs. La preuve: Tous au piquet! Enfin pas demain matin, j’ai piscine ni le matin suivant, je récupère à cause de la piscine ou autre chose mais bon, Sachons que les vestiges de la fac publique s’émiettent un peu dans l’indifférence générale (et que les Lyonnais se font taper). Surtout pour ce qui concerne les filières non-rentables. Et quand bien même je voudrais me mobiliser, me réveiller, participer, (enfin!)…La fac est fermée pour tous. (Egalité!) Bon, en tout cas, il faudrait beaucoup de thunes et beaucoup de volontarisme pour que la fac reste publique et performante. Il faudrait exiger au moins ça du prochain candidat de la … de la quoi déjà ? Ci-joint un courrier rédigé par une prof d’anglais de Lyon II. ça balance pas mal. Bises à tous

Bonsoir à tous, Je communiquais en colloque à Lyon il y a de cela quelques semaines. L’ambiance était délétère, la tension palpable. Étant de passage pour seulement 2 jours au sein de l’Université Lyon II Louis Lumière, je n’avais pas pris la mesure du phénomène. Je soumets à votre attention ce témoignage d’une collègue angliciste de Lyon II, qui donne à méditer sur les dérives qui peuvent suivre une évacuation des bâtiments universitaires par la force publique. Les temps ont vraiment changé… Je vous encourage à faire suivre ce témoignage, les média traditionnels ne faisant visiblement pas leur travail. Vos réactions, retours sont les bienvenus. N’hésitez pas à diffuser les informations autant que faire se peut : blogs, Facebook, forum…

Cordialement (et à demain pour mes étudiants)

Toviraaj RAMCHARIT Laboratoire LLA (Lettres, Langages et Arts) Bureau B14 Département Lettres modernes, théâtre et occitan, Bureau 1162 (1er étage) Université de Toulouse Le Mirail 5, allées Antonio Machado 31058 Toulouse Cedex 9 – FRANCE Tel : + (33) 05 61 50 45 46

Bonjour à tous,

Ma fac (Lyon II) s’enfonce tous les jours un peu plus dans le mépris des étudiants et dans un logique policière qui m’inquiète profondément. Les médias ne nous suivent pas, ne relayent rien, s’auto censurent ou se font censurer. Tout a commencé avec la Loi Pécresse de réforme des Universités, signée dans la précipitation cet été par le président de la fac, Monsieur Journès.Certains étudiants et enseignants s’opposent à cette loi.

Les étudiants ont choisi le blocage de l’Université comme mode d’action. On peut être pour ou contre, je ne suis pas sûre que ce choix ai rendu service aux manifestants et à leur image mais> aujourd’hui, à la limite, peu importe. On a, pour l’instant, dépassé ce débat. Depuis quelques jours, le président de l’Université a fait appel aux ‘forces de l’ordre’: des vigiles privés, très jeunes, non assermentés, arrogants et dépassés par les événements, patrouillent dans la fac avec au bras un brassard orange marqué ‘sécurité’. Ils apostrophent tout le monde, tutoient tout le monde, et nous demandent de justifier de notre présence dans l’Université en montrant notre carte ‘cumul’ (une carte magnétique d’étudiant ou d’enseignant qui sert aussi de carte de bibliothèque et de carte… de paiement dans l’enceinte de la fac… ce qui, en soit, ne me plaît déjà pas beaucoup). Il semble bon de rappeler qu’une Université est, selon la loi, un ‘établissement public à vocation scientifique et culturelle’…

Les étudiants qui manifestaient scandaient à l’encontre des vigiles, hier matin: ‘Voyous, racailles.’ Car certains d’entre eux s’amusent à retenir les étudiantes pour les draguer, d’autres en sont venus aux mains avec des étudiants de leur âge, une étudiante a été étranglée avec son écharpe pour qu’elle dégage un passage.

A l’entrée principale du campus de Bron, et rue Chevreul sur le campus des quais du Rhône, dès 7h30 le matin, tous les jours, les CRS arrivent pour déloger les étudiants qui protestent. 9 cars de CRS devant le campus de Bron, 9 cars de CRS devant le campus des quais de Rhône. Ils sont, régulièrement, soutenus par la gendarmerie mobile. J’étais là, hier matin. Deux de mes étudiantes m’avaient dit avoir été ‘molestées’ par les CRS la veille et voulaient que j’en sois témoin. Eh bien oui, ils les plaquent au sol, les jettent plus loin, les matraquent dans le ventre et sur la tête. Sur les quais, hier, deux leaders syndicaux étudiants (un de Lyon 2, l’autre de Lyon 3) ont été désignés du doigt par des policiers en civil avant d’être poursuivis dans une rue adjacente par les CRS. Ce qui signifie, nous sommes d’accord, qu’un travail préalable ‘d’information’ a été effectué et que ces arrestations sont ciblées pour détruire les mouvements syndicaux. Les deux hommes sont en garde-à-vue et devraient être déférés à la Justice aujourd’hui même (donc: il existe désormais des comparutions immédiates pour les manifestants, vous serez prévenus). Dans un communiqué odieux et mensonger, la présidence de la fac dit qu’ils sont ‘extérieurs à l’Université’ et que ces arrestations sont survenues après des troubles. Il n’y a pas eu de troubles autres que la manifestation pacifique, nous sommes plusieurs enseignants à en être témoins. Un étudiant a été blessé et, une fois aux Urgences, a hérité de douze points de suture sur le crâne. Des étudiants ont été mis en joue au flashball.

Des policiers en civils sont toujours là, dont un homme sur mon campus: de ‘type méditerranéen’, il porte une grosse doudoune noire, un talkie walkie dans une poche, un appareil photo dans l’autre. Lui et ses camarades filment longuement les manifestants. S’ils ont effectivement été convoqués par le président de l’Université dans le seul but de permettre aux étudiants qui veulent suivre les cours d’entrer dans la fac, pourquoi filment-ils? Doit-on ajouter la DGSE à la liste des membres du personnel de l’université? De notre côté, enseignants ou étudiants, ils nous empêchent un maximum de filmer. Ce qui signifie que les images disponibles sur youtube et sur dailymotion ne sont pas à la hauteur de la réalité.

Face à cette situation, plusieurs enseignants, dont je suis, ont refusé de faire cours. Je refuse d’entrer dans une fac investie de forces de police, de gendarmerie et de vigiles privés non assermentés. Je refuse de montrer des papiers d’identité pour me rendre sur mon lieu de travail. Je refuse de me faire bousculer par des CRS. Je refuse de me faire tutoyer avec mépris par des individus que je ne connais pas. Je refuse d’entendre un vigile insulter un de mes collègues (pourtant munis du sac en cuir typique de l’enseignant, pourtant plus honorable que moi dans l’allure avec ses cheveux blancs) en lui disant ‘J’vais t’fumer toi, j’vais t’fumer.’ Nous ne sommes pas, que je sache, dans un état policier. Ou alors il faut nous le dire clairement, parce que cela signifie que les règles du jeu ont changé. Je croyais que l’on avait le droit de grève dans notre pays.

Je crois que ce qui m’inquiète le plus, c’est de recevoir des communiqués de la Présidence affirmant que la situation est désormais ‘normale’. SI CETTE SITUATION EST NORMALE, JE DÉMISSIONNE.

D’autre part, pour permettre l’action des ces policiers, militaires et vigiles, toutes les sorties de sécurité sont bloquées. Certains enseignants et étudiants s’obstinent à faire cours dans une ambiance délétère et dangereuse. Ce qu’ils risquent purement et simplement, en cas d’incendie, c’est de brûler vifs dans des locaux qui sont déjà vétustes.

Je joins à ce message la ‘Lettre ouverte à la présidence de Lyon 2’ rédigée par des enseignants (datée d’avant hier 5 décembre et déjà dépassée par les événements d’hier), ainsi que le dernier message de la présidence elle-même, pour que vous puissiez juger vous-même de la mauvaise foi, du mépris et des ronds de jambe du langage qui se banalisent dans notre environnement politique et médiatique.

Ce message est, bien sûr, à faire passer si vous en ressentez le besoin.

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie