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Sortir du nucléaire et sortir du sarkozisme : la formule gagnante pour la gauche et l’écologie en 2012

J’aime bien le raisonnement exposé par Eva Joly dans une tribune au journal libération publiée aujourd’hui.
En bref : le meilleur moyen de tourner la page du sarkozisme, c’est que la gauche et les écologistes ne limitent pas leur ambition à une simple alternance (le changement des hommes et des femmes) mais portent une alternative (un projet innovant et mobilisateur et innovant de transformation sociale et écologique).
Elle fait ainsi à juste titre du choix de sortie du nucléaire (et bien sur du développement des solutions alternatives) un impératif politique majeur, un exemple de la clarté et du courage du changement politique.
Je suis pour ma part convaincu que l’échec sera au rendez vous si la gauche manque le rendez vous de l’audace, de l’innovation, de la mutation écologique. A quoi bon se mobiliser pour du "déjà vu", "si rien ou pas grand chose ne change" comme l’estiment les cohortes d’abstentionnistes à chaque élection.
La raisonnement appliqué au nucléaire vaut bien pour d’autres questions et pour d’autres enjeux : il faudra faire radicalement autrement aussi en matière d’économie et de politiques d’emplois, de fiscalité, d’agriculture ou d’éducation, pour créer un espoir et une dynamique de changement. La partie n’est pas gagnée.

Eva_Rouen.jpg"Nous ne nous contenterons pas de prises de guerre concédées par le grand frère socialiste entre les deux tours"
Par Eva Joly, Libération.fr, le 11 mai 2011

A un an de la présidentielle, la défaite de Nicolas Sarkozy est loin d’être acquise. Une des conditions permettant de l’emporter est celle de la clarté et du courage. Les écologistes et la gauche ne peuvent l’emporter sur un malentendu ou pire sur une ambiguïté. Nous devons dire clairement quelle politique sera menée. Sinon, comment entrainer l’adhésion populaire sans laquelle rien n’est possible?

La victoire dépend moins de savantes combinaisons entre appareils que de la dynamique politique et sociale portée par une alliance nouvelle.

C’est une vague citoyenne qui doit se lever pour porter dans le même mouvement l’alternance gouvernementale et l’alternative politique. J’essayerai donc de susciter la mobilisation des citoyens, à partir de mesures précises que je présenterais aux français et que je livrerai au débat commun des forces de transformation sociale.

En premier lieu, je serai, dans la campagne qui vient, la candidate de la sortie du nucléaire. Sans faillir et sans hésitation. Il ne s’agit pas d’une posture politicienne, mais d’un impératif politique majeur. Chacun comprend bien que la question énergétique sera un élément déterminant du quinquennat à venir, placé sous une triple contrainte: la lutte contre le réchauffement climatique, l’augmentation du coût de l’énergie, la prévention des risques nucléaires.

Face à ces problèmes, la réponse de la droite est connue: on continue sans rien changer. Ainsi malgré son bilan désastreux en matière de lutte contre le réchauffement climatique, l’actuel président aura toutes les audaces. Il utilisera l’approximation et l’intimidation pour masquer la réalité des enjeux.

A l’inverse, de cette attitude démagogique, les écologistes feront en sorte de traiter cette question avec la gravité e le sérieux qu’elle mérite. Pour cette raison, nous ne nous contenterons pas de "prises de guerre" concédées par le "grand frère socialiste" entre les deux tours, c’est-à-dire de la fermeture de quelques réacteurs et de propositions à court terme. Un accord mal justifié permettrait à la droite de pointer les contradictions pendant la campagne électorale.

Pire, en cas de victoire, un tel accord serait immanquablement source de conflits à venir au sein de la future majorité. Je tiens donc très fermement à mettre en garde contre un accord "politicien" sur le nucléaire, qui ne serait pas adossé à une démonstration largement validée par les citoyens. Que vaudrait un accord a minima arraché entre les deux tours de la présidentielle sur un sujet qui engage l’avenir énergétique du pays? Ce qu’il nous faut faire, c’est rechercher un accord de fond avec une mise en œuvre précise pour le quinquennat. Confrontons nos scénarios. Etablissons nos solutions.

La question de fond est de savoir quelle politique énergétique mènerait une nouvelle majorité favorable à la sortie du nucléaire.

Dans la première année du quinquennat, il faut un grand débat national de prospective sur l’énergie. Pour prendre en compte les enjeux et déterminer un cap. On y abordera la question de l’épuisement des combustibles fossiles, l’augmentation du coût des l’énergies, la sortie du nucléaire. Ce débat aura lieu au Parlement, et dans tout le pays, pour permettre la pédagogie du changement qui seule favorise les grandes réformes.

Il faut ensuite engager une nouvelle politique énergétique basée sur le développement massif des énergies renouvelables, un programme résolu d’économies d’énergie, une mutation forte en matière de transports. Ceci nécessite une loi cadre, de nouvelles réglementations, le renforcement des structures nationales et territoriales, et le déblocage de crédit budgétaires, voire la réalisation d’un grand emprunt.

C’est dans ce cadre que la sortie effective du nucléaire sera enclenchée. Elle devra se faire dans la transparence, au Parlement ou par référendum.

En premier lieu, il faut un calendrier de déclassement progressif des réacteurs nucléaires en fonction d’un audit indépendant et contradictoire de sureté et réhabiliter les réacteurs du parc actuel pour tenir compte des nouvelles exigences post-Fukushima. il faudra stopper les chantiers des deux réacteurs nucléaires de Flamanville et de Penly. Et également s’atteler résolument à la question des déchets nucléaires.

Le temps d’un quinquennat, nous devrons amorcer la sortie du nucléaire et engager la transition énergétique. Disons le nettement: il ne s’agit pas de sortir du "tout-nucléaire", expression imprécise et ambiguë, mais bien de sortir du nucléaire. Et pour être à l’heure au rendez-vous de l’histoire, la gauche et les écologistes ont l’obligation de présenter au pays un agenda précis.

La sortie du nucléaire est possible. Elle ne se fera pas sans une politique ambitieuse qui conjugue crédibilité économique, efficacité énergétique et transparence démocratique. Pour réussir, la méthode de contractualisation entre futurs partenaires est essentielle. Comme est indispensable l’existence d’un groupe écologiste fort et autonome au Parlement. En effet, la politique est affaire de rapport de forces. Les citoyens désireux de changement doivent donc nous renforcer, nous porter, bref nous utiliser pour changer la donne.

Il nous faut mener bataille ensemble pour convaincre ceux des nôtres qui sont encore réticents. C’est-à-dire répondre aux interrogations légitimes d’une population endoctrinée par des années de discours pro nucléaire et affronter la droite conservatrice et ses solutions rétrogrades. Que chacun en soit convaincu, le changement est en marche, inéluctable.

En ces temps d’anniversaire du 10 mai 81, souvenons nous de l’une des leçons de cette victoire: là où il existe une volonté, il existe un chemin. La mobilisation avait arraché à François Mitterrand la décision d’abandonner le projet d’implantation de centrale à Plogoff.

La volonté des écologistes existe, portée par des années de lutte des militants associatifs et politiques confondus, qui, pied à pied ont bataillé depuis des années contre les lobbies et les conservatismes. J’incarnerai cette volonté tout au long de ma campagne. Mais ma responsabilité est aussi de faire en sorte que nous ne soyons pas seuls à partager cette volonté.

Le présent texte est donc une adresse à tous ceux qui veulent forger le changement par leur implication, qu’ils soient des militants antinucléaires de toujours ou des convaincus plus récents.

Il n’est jamais trop tard pour réaliser l’unité. L’appel vaut pour les citoyens de toutes conditions et de toute obédiences. Il vaut également pour les forces organisées, associatives, ou syndicales. Il s’adresse enfin aux formations politiques qui se réclament de la transformation sociale, et en premier lieu au parti socialiste qui occupe une place particulière puisqu’il est aujourd’hui la première force électorale de l’opposition.

A tous je dis, "encore un effort pour sortir du nucléaire"

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