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Un Contrat pour la mutation écologique

Couverture-CRDE_image_rubrique.jpgLe Conseil régional a adopté cet après midi en séance plénière le "Contrat Régional de Développement Economique" (CRDE) qui fixera la stratégie de développement économique de la région à l’horizon 2020. Au terme de 6 mois d’échanges avec la diversité des acteurs économiques haut-normands, le CRDE révise quelques uns des fondamentaux des approches classiques du développement économique. Le facteur environnemental y est notamment pris en compte de manière transversale dans tous les champs d’action.
Voici l’intervention que j’ai prononcée en séance au nom du groupe Europe Ecologie Les Verts :

"Le document qui nous est proposé aujourd’hui est un document de qualité. Si on se réfère à la pensée économique qui pouvait être la notre en 2005 lorsque nous avons adopté le SRDE, l’évolution est frappante, dans plusieurs domaines essentiels.

Il en est ainsi de la déclinaison de la notion de contrat avec les contrats d’objectifs qui seront à l’avenir proposés aux partenaires économiques et sociaux de notre collectivité. On se donne là les moyens de passer d’une logique de « guichet » à celle de « contrats d’objectifs ». Chacun pouvait s’interroger sur l’efficacité toute relative des aides à l’économie attribuées sans distinction.

Leur opportunité sera demain appréciée au regard des engagements pris et réalisés pour effectivement créer des activités porteuses de valeurs ajoutées sociales et environnementales. Nous parlons d’argent public, il est bien naturel que la puissance publique aide mais aide avec discernement, au vu de la prise en compte de l’intérêt général. Et nous pouvons attendre les effets les plus bénéfiques du dialogue véritablement partenarial qui devra être désormais mis en œuvre avec chaque entreprise, chaque filière, chaque structure d’appui et d’accompagnement.

De même, en soulignant la nécessité de combler le retard de notre région en matière de fonctions métropolitaines et d’emplois tertiaires supérieurs, le CRDE indiquera le cap d’ une évolution majeure favorable à la localisation d’activités nouvelles et à l’élévation générale de la qualification de la ressource humaine régionale. Cette orientation, de surcroît, est cohérente avec le projet –majeur- de dénouement du nœud ferroviaire régional par la construction d ‘une nouvelle gare à Rouen.

Mais bien sur, ce que chacun relèvera, c’est la prise en compte du facteur environnemental, de manière transversale, dans chaque axe du CRDE. Vous le savez, l’enjeu de mutation, de conversion écologique, de notre économie régionale était l’axe majeur de la proposition politique portée par Europe écologie dans la campagne de 2010. Nous ne pouvons qu’exprimer notre satisfaction qu’elle soit aujourd’hui inscrite dans ce CRDE et qu’elle constitue une sorte de fil vert de notre stratégie de développement économique.

C’est bien ici que s’exprime l’évolution majeur par rapport aux réflexions antérieures.

« L’efficacité écologique » est désormais perçue comme une opportunité de compétitivité et non plus comme une contrainte voire un handicap.  Nous savons sur ce point le travail qu’il reste à accomplir pour convaincre de cette évidence nombre d’acteurs, dans les services, dans l’industrie, dans le monde agricole.

La première ambition affichée est de faire de notre région une région de référence pour les énergies. Sujet sensible s’il en est. L’objectif est clairement affiché : « continuer à produire et produire autrement, consommer moins et consommer mieux ». L’enjeu est énoncé : « innovation et transformation de l’appareil productif, qualité de l’air, amélioration du pouvoir d’achat des ménages ». Le défi de l’ère prochaine du pétrole du pétrole rare et cher et de l’incontournable conversion écologique de la pétrochimie est souligné. L’exigence d’efficacité énergétique est affirmée. L’engagement à soutenir la création d’une filière industrielle éolien-offshore dont on souligne ici à juste titre la pertinence normando-picarde, est devenu un marqueur un de l’action régionale depuis plusieurs mois. Le potentiel de production d’énergies issues de la biomasse, par la valorisation de déchets ou sous produits de l’agriculture et de l’agro-alimentaire ou via une structuration de la filière bois -énergie n’est pas oubliée dans le panel des alternatives aux énergies fossiles. Les indicateurs de l’axe 1 sont à la hauteur du tournant : le niveau des émissions de CO2 dans les transports, le fret, le bâtiment, l’industrie, la part des renouvelables, le nombre des PME adhérentes à la filière énergies, les indicateurs de l’observatoire climat-énergie.

Bien entendu, nous n’ignorons pas que l’accord de notre majorité en faveur de l’efficacité énergétique et de la promotion des énergies renouvelables n’efface pas par miracle des positions qui restent aujourd’hui différentes quant à la part qu’il faudrait continuer à dédier à l’électricité d’origine nucléaire..

Mais nous souhaitons donner acte au contrat qui est soumis à l’approbation de notre assemblée. Parce que le cap de la mutation écologique de notre économie et particulièrement de nos industries, y est clairement affirmé et pourra à l’avenir monopoliser l’essentiel de nos efforts. Parce que nous faisons le pari que la réussite de l’Appel à projets Energies et des autres politiques régionales en matière d’énergie, et l’aboutissement des projets éoliens des Deux Côtes et de Fécamp, le redémarrage de la filière solaire photovoltaïque que le gouvernement s’emploie aujourd’hui à saborder, permettront, à l’avenir, de dépasser notre différent en faisant la démonstration par la preuve :

La preuve qu’un nouveau modèle productif assis sur la sobriété énergétique et le développement volontariste et spectaculaire des énergies renouvelables est supérieur, économiquement, écologiquement, socialement.

La preuve que l’éco-construction, les éco-matériaux, la biomasse en circuits courts, les filières industrielles régionales ou inter-régionales dédiées à la construction, l’assemblage, la maintenance du solaire photovoltaïque, de l’éolien offshore, et pourquoi pas demain des énergies marines.. nous permettent de diminuer drastiquement nos émissions de CO2 et de nous passer du nucléaire et du tout pétrole, sont bonnes pour l’économie, bonnes pour l’emploi, bonnes pour la qualification des salariés de notre région !

Le fil vert de la mutation écologique n’oublie bien sur pas le secteur agricole.

La priorité n’est plus à ses fonctions industrielles tournées vers l’exportation mais à la transformation en région des productions locales, s’appuyant sur l’agriculture biologique et les circuits courts, avec l’appui du programme agriculture&nutrition. Un accent particulier a été mis sur la maitrise du foncier qui subit actuellement de plein fouet la pression liée à l’étalement urbain. La préservation et la valorisation du foncier à vocation agricole sera ainsi demain un critère de la politique régionale en matière de foncier à vocation économique (objectif 2.31. action 2) et une des priorités des volets économiques des futurs contrats de pays de d’agglomérations (ambition 4.2). Là encore les bons indicateurs ont été choisis : l’évolution de la superficie des exploitations, du nombre d’emplois, l’évolution des surfaces en bio, du nombre d’exploitants installés ou en conversion, le nombre d’Amap.. )

Pour évoquer brièvement quelques autres traits positifs de notre CRDE. Je citerai, en vrac : le renforcement de l’esprit d’entrepreneuriat, dès lors qu’il couvre tous types de création et de créateurs et vise finalement à démocratiser l’accès à la création d’entreprise, le soutien affirmé à l’économie sociale et solidaire, la sécurisation des parcours professionnels, l’appui à l’émergence d’un site de déconstruction automobile sur le site de Sandouville qui résonne particulièrement à l’aune des incertitudes qui demeurent sur la pérennité véritable du site et au vu du chômage technique qui frappe de nouveau, l’encouragement aux démarches d’écologie industrielle. La valorisation non alimentaire des produits agricoles est centrée sur les co-produits (sous produits) et leurs applications prometteuses en termes de bio matériaux, fibres textiles techniques et ne couvre pas, c’est un choix débattu et assumé, les agro carburants de première génération. Le rappel de l’enjeu d’une liaison ferroviaire Lille-Rouen-Evreux-Orléans, alternative ferroviaire au réseau routier L’axe Seine qui verra peut être demain, sait on jamais, naviguer autant de navires et circuler autant de trains de fret, qu’il fait aujourd’hui couler de d’encre, est bien entendu retenu comme axe de compétitivité économique… Nous soulignerons que la Région souhaite que le développement d’activités économiques garantisse une protection environnementale compatible avec l’inscription des Boucles de Seine au titre des sites classés.

Au final, il nous est aujourd’hui proposé de voter un document qui amorce clairement, je n’ai pas peur de le dite, quelques unes des révolutions que nous appelons de nos vœux depuis un moment, dans l’approche de l’action économique. Oui il faut anticiper les mutations plutôt que les subir. Oui il faut évoluer vers une économie re-localisée et miser en priorité sur les dynamiques de développement endogènes. Oui les atouts de notre passé industriel, loin d’être demain des handicaps, peuvent constituer demain autant d’opportunités pour positionner notre région en acteur de l’économie verte et des territoires.

Les indicateurs d’évaluation axe par axe, l’outil collectif d’observation des mutations, l’observatoire climat-energies, voici autant d’outils qui nous diront à l’avenir si nous avons bien pris le train de la mutation écologique. C’est notre vœu le plus cher.

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie