Pourquoi je soutiens la candidature d’Eva Joly

La primaire écologiste est lancée et bien lancée. Un an avant l’élection présidentielle, 32 896 personnes, soit plus du double du nombre des adhérents d’Europe écologie les verts, se sont inscrites avant la clôture de la liste et pourront donc participer entre le 15 et le 23 juin au choix de la candidate ou du candidat qui représentera l’écologie. Tous ceux qui suivent les préparatifs de la primaire partagent une autre satisfaction : nous assistons à un débat de qualité. A l’évidence l’esprit du rassemblement qui a présidé aux belles campagnes électorales de 2009, 2010 et 2011 est toujours là.

Le vent souffle t’il aujourd’hui en faveur de Nicolas Hulot, ainsi que semblent le croire les éditorialistes et ses supporteurs ? Le vote nous le dira…
Je souhaite pour ma part qu’Eva Joly porte notre projet et nos couleurs.

Les principaux arguments qui plaident en sa faveur sont largement reconnus.
Eva Joly est aujourd’hui l’une des rares personnalités publiques crédibles, aux yeux de l’opinion, pour s’opposer avec courage et efficacité aux dérèglements du système financier international et au cortège de corruptions qui vont avec et sapent, chaque jour qui passe un peu plus, la légitimité des pouvoirs publics.

Fine connaisseuse de ces mécanismes, ayant l’expérience d’interventions concrètes comme celle qu’elle a faite auprès du gouvernement islandais en pleine tourmente bancaire en 2008, elle est aujourd’hui très bien placée pour proposer les révolutions législatives qui s’imposent, à l’échelle nationale, européenne et internationale.

Femme politique depuis 2009, députée, elle préside la commission développement du Parlement européen pour la plus grande satisfaction des ONG du sud. Elle s’est aussi beaucoup investie dès lors auprès des militants et des citoyens qui mènent les luttes écologistes de terrain. Tous les candidats EELV aux régionales 2010 se souviennent aussi qu’elle n’a pas ménagé ses efforts pour nous apporter son soutien. Eva Joly, est aujourd’hui la candidate qui connaît le mieux la réalité du militantisme écolo dans notre pays.

Autre sujet qui n’est pas le moindre : je partage l’allergie d’Eva Joly à l’encontre de l’ « écologie-borlooiste ».
Nous sommes bien placés, en Haute-Normandie pour témoigner de cette imposture : le ministère Borloo s’est fait jusqu’à son dernier jour le relai actif de tous projets… "grenellement incompatibles" : le terminal méthanier d’Antifer, l’EPR, le contournement est de Rouen, mais aussi les autorisations d’exploitation données à l’usine Citron au Havre, aujourd’hui fermée pour mise en danger de la santé d’autrui…
C’est juste une illusion de penser que Borloo puisse nous rejoindre d’ici 10 ou 11 mois : un signal de confusion politique plus que d’ouverture.

Minée par l’affairisme et la corruption, notre démocratie ne trouve aucun réconfort dans un débat public de plus en plus indigent : le débat politique y fait l’objet de toutes les manipulations, les faux semblants occupent le devant de la scène, le zapping est la règle.

C’est pourquoi j’en arrive à apprécier ce que d’aucuns considèrent comme des handicaps – la rigueur, le manque de charisme ou d’éloquence Eva, son accent.. – ça repose ! Et je pense qu’ils peuvent demain devenir des atouts.

Beaucoup de nos concitoyens attendent en effet des politiques qui seraient moins doués pour « séduire » que pour parler vrai et parler changements concrets.
Eva, si nous la choisissons pour porter nos couleurs, peut être cette candidate d’une politique sobre, efficace, responsable, humaine. Une politique qui tournerait la page des extravagances fin de siècle et bling bling, et ne laisserait plus estourbir par les mirages des faiseurs d’opinion d’un jour. La démocratie en est l’enjeu !