22 avril 2012 : un bulletin de vote écologiste pour une double victoire !

C’est la première fois depuis bien longtemps : je ne suis pas à Clermont cette année pour les Journées d’Eté d’Europe écologie les verts. J’en ai l’écho par presse et réseaux sociaux interposés. Expérience intéressante, car je ne doute pas que la perception des quelques 1800 militants et curieux présents n’est pas celle rapportée via les titres fracassants qui tournent en boucle dans la presse sur le thème "la rentrée difficile des écolos".

Je retiendrai un sujet de débat -le seul signalé par la presse qui en vaille la peine?- posé par Dany Cohn Bendit, visiblement tenté par un deal avec le PS : "vous nous assurez un groupe parlementaire / on retire notre candidate aux présidentielles".

Je suis moi convaincu que la présentation d’une candidate au grand débat et au vote du 22 avril 2012 est une condition indispensable sans laquelle la victoire de la gauche sera plus difficile et peut être impossible.
Sur ce coup là, l’ami Dany me semble à coté de la plaque, pour au moins 3 raisons :

– Je ne vois pas l’intérêt de nous mêmes présumer aujourd’hui de la montée du vote Le Pen. Sauf à risquer de participer au buzz, de jouer à nous faire peur jusqu’à l’inhibition, et contribuer à notre corps défendant à l’accomplissement final de la prédiction auto réalisatrice. Eva Joly comme d’ailleurs Nicolas Hulot, à eu l’occasion de le préciser,"au cas où" il est évident qu’il conviendrait de prendre les décisions responsables qui s’imposent pour barrer la route à l’extrême droite.
Nous n’en sommes pas là. En parler maintenant avec insistance c’est jouer un jeu dangereux. Et disons le tout net : une gauche qui serait contrainte à une candidature unique pour pouvoir se qualifier pour le second tour, au bout de 10 ans de pouvoir UMP, n’aurait sans doute aucune chance de gagner au second!

– Notre candidature trouve justement sa justification fondamentale dans la nécessité.. et la difficulté de battre Sarkozy. Il existe mille et une raisons de tourner cette page sinistre : bilan écologique et social nul, faillite économique et financière, abaissement de l’esprit public…
Mais pour être au second tour, pour gagner, il faudra convaincre dans 6 mois qu’on peut et qu’on veut faire autre chose et autrement.
Faire autrement c’est non seulement ne pas miser sur les solutions du passé -fut il glorieux- de la gauche mais se colleter avec les défis du moment et opter résolument pour la transition, la sortie écologique des crises.

C’est aussi être crédibles à incarner une volonté politique nouvelle, inédite. La candidate qu’ont choisi les militants et les coopérateurs d’Europe écologie, Eva Joly, portera le projet des écologistes. Engagée, courageuse, déterminée, elle est une des personnalités politiques les mieux placées pour incarner cette volonté. Il se trouvera peut être unE candidatE socialiste pour la devancer au premier tour. Je n’en vois aucunE qui puisse prétendre seulE rassembler sur son nom, et l’électorat socialiste, et les espoirs et les énergies du "peuple de l"écologie" ; anciens instruits de l’expérience des renoncements, jeunes qui n’espèrent rien du chimérique "retour de la croissance" et toute la foule qui peut être demain tentée par le "changement juste" qu’elle va proposer.

Voilà pourquoi la candidature écologiste est… légitime et indispensable : pour maximiser les chances d’une double victoire en avril et mai prochains : un succès d’EELV , l’avènement d’une gauche de projet, de transformation et d’innovation sociale et écologique qui s’émanciperait de ses travers libéraux et/ou nationaux productivistes.

– A la différence de 2006/2007, je suis bien placé pour en avoir le souvenir.. cuisant, l’Ecologie politique est unie et rassemblée.
Ce n’est pas la seule cause (la mémoire et la mauvaise conscience du 21 avril 2002 pesaient encore lourd), mais il est évident que l’échec de 2007 doit beaucoup à la division extrême des Verts et des écologistes qui prévalait alors.
En 2006/2007, Nicolas Hulot pensait que tous les candidats pouvaient être convaincus et devenir écolos, il est désormais partisan d’une candidature écologiste. José Bové candidat concurrent des Verts en 2007 soutient aujourd’hui la candidate EELV. Plus un seul écologiste n’imagine ré-enchanter la politique avec F.Bayrou. Aucun ne croit plus que S.Royal va réinventer la politique participative. Et logiquement, des ressources nouvelles, militants et personnalités de la société civile ont franchi le pas et rejoint le parti ou la coopérative EELV.

Il faut d’ailleurs rendre à César ce qui lui appartient et le mérite de ce changement historique et radical à Dany : la fée Europe écologie est passée par là, le rassemblement et l’union ont payé aux européennes de 2009, aux régionales de 2010 et aux cantonales de 2011. Notre mouvement se renforce sans discontinuer et continuera à le faire dès lors que nous sommes rassemblés, ouverts, et plus que jamais déterminés à être des acteurs du changement concret.

Nous voulons un changement juste, la transition écologique de la société. Une révolution énergétique et la sortie du nucléaire, une réforme environnementale de la politique agricole commune, une Europe qui agisse et pèse en faveur de la résolution des conflits, qui s’engage pour le climat et pour la biodiversité etc… Il est impensable que cette voix originale soit muette en 2012 et se prive des moyens de peser fort dans le futur gouvernement du pays.

crédit photo THIERRY ZOCCOLAN / AFP