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Perte de sens

Le téléscopage des réactions de tous bords aux annonces concernant la création des emplois d’avenir et la « baisse modeste et provisoire » du prix de l’essence souligne l’inanité du débat public dans notre pays en cette fin d’été.

Je suis frappé, et atterré, d’entendre certains (JF Copé, le Medef..) dénoncer le caractère insupportable de la « dépense publique » qui sera mobilisée pour proposer un tremplin vers l’emploi à 150 000 jeunes sans qualification quand d’autres (ou parfois les mêmes!) ne sont visiblement préoccupés que par les centimes de baisse du prix du carburant qui leur seront consentis par l’Etat.

Le « coût » de la prise en charge par l’Etat des salaires des contrats d’avenir à hauteur de 75% du SMIC pendant 3 ans est estimé à 1,5 milliard par an. C’est l’exact équivalent d’une baisse de 3 centimes  par litre d’essence sur la même durée !

Peu importe que la baisse « provisoire »  ne soit prévue que pour 3 mois. La plupart des porte-paroles des automobilistes et des professionnels gros consommateurs de carburant dénoncent l’insuffisance de la mesure. Les commentateurs patentés qui ont fait monter la pression depuis un mois et sont parvenus à contraindre le gouvernement à agir, raillent aujourd’hui les impacts très modestes de la mesure. A leurs yeux, rien ne surpasse la « liberté » de remplir sans limite les réservoirs. Nul doute qu’ils reviendront à la charge, dans quelques mois, et tant pis pour les comptes publics !

Une société qui aurait un peu de considération pour son propre avenir donnerait sans hésitation la priorité absolue à la lutte contre le chômage de masse des jeunes, son premier échec, et se soucierait avec détermination de réduire la consommation immodérée d’une ressource, le pétrole, dont les stocks diminuent alors qu’elle est désormais demandée sous toutes les latitudes.                                  

A choisir, pour aller au bout du raisonnement,  j’échangerais volontiers 3 centimes de baisse du litre contre 150 000 emplois supplémentaires destinés aux jeunes des zones urbaines et rurales défavorisées (*)

Les besoins de nouvelles activités, de nouvelles entreprises, de nouveaux emplois ne manquent pas : dans l’économie verte et dans l’économie solidaire, dans les services aux personnes et aux entreprises, dans l’économie verte et dans l’économie numérique, et aussi bien sur pour sortir notre pays de la préhistoire de la mobilité durable et alternative au « tout bagnole » !

 

(*) J’habite en coeur d’agglo bien desservi par les transports en commun et les services vélo. Je n’ignore rien des difficultés des personnes qui ont été contraintes de s’éloigner pour se loger moins cher et n’ont pas d’autre moyen de transport que leur voiture pour se rendre au boulot ou pour en chercher. Les écologistes préconisent la création d’un chèque vert payé par l’Etat pour soulager leur facture de carburant.

Et pourquoi pas facturer quelque centimes de plus du litre ceux, dont je suis, qui peuvent faire autrement mais, sont finalement peu incités à changer.

 

 

 

 

 

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie