Ecologie & Politique, une nouvelle page à écrire
2010-2015 : Qu’avons nous fait d’Europe Ecologie ?
Les politistes en feront assurément un sujet d’étude ou un cas d’école : comment avons-nous pu passer en 5 ans d’un si bel espoir de réinvention de la politique à la quasi disparition de l’écologie politique comme acteur qui compte dans le paysage ?
L’espoir était au rendez vous en 2009-2010, quand EELV semblait porter l’espérance d’une sorte de « mouvement social et citoyen écologiste » susceptible de rebattre les cartes politiques et d’inscrire l’agenda des solutions de la transition écologique dans notre pays
Et pourtant, notre mouvement est aujourd’hui plombé par l’image dégradée d’un parti sans boussole stratégique qui, à force de se préoccuper de lui-même, s’est déconnecté de ses partenaires naturels, le mouvement associatif environnemental et les innovateurs sociaux.
Si le moment est venu d’examiner sans complaisance nos erreurs, il convient, pour être « justes » de les resituer dans un contexte global délétère. Les écologistes ne sont pas responsables de la dureté des temps. L’incapacité de la communauté internationale à agir pour apporter des solutions justes et durables aux tensions et conflits, l’impuissance avérée de l’Union européenne à se constituer en un acteur qui porte du sens et qui compte, et la forte montée corollaire des populisme et du néo-fascisme, pèsent lourd.
Mais alors qu’il faudrait justement faire des efforts sur nous-mêmes, redoubler d’imagination, plus que jamais être ceux qui sont « utiles » parce qu’ils aident à faire société et à construire ensemble les solutions de la transition vers une société apaisée, solidaire, économe de ses ressources, prenant soin de la beauté et de la diversité du monde, nous nous contentons de faire étalage de certitudes d’il y a 25 ans, comme si le monde et la compréhension du monde n’avaient pas connu des révolutions. Notre écologie est en quelque sorte devenue « fainéante », le système de pouvoir et d’allégeances qui gouvernent ce parti depuis bientôt dix ans a couramment démontré son peu de goût pour le travail intellectuel et l’effort de recherche et d’innovation. Le prix en est élevé.
La petite histoire du rendez vous manqué
La relecture facile, paresseuse, de cette histoire, aboutit à un facteur clé d’explication unique de tous nos maux qui se nomme François Hollande ou, « pire », le binôme Hollande/Valls.
Les tenants de cette «thèse n’expliquent pas pourquoi alors qu’Hollande à jusqu’ici trahi quasi tous ses engagements de 2012, ses contestataires les plus virulents, de la première heure (Mélenchon), ou intermittents (EELV), sont moins que jamais reconnus comme des alternatives crédibles ?
Ouvrons les yeux : notre image est très dégradée et nous en sommes les premiers responsables.
Sans prétention à l’exhaustivité, il suffit de quelques regards dans le rétroviseur pour jalonner le parcours des erreurs et des échecs.
- Fin 2011. La gestion de la primaire de la désignation du candidat des écologistes à la présidentielle a indéniablement amorcé la dégringolade. Nous avons choisi Eva Joly – je l’ai activement soutenue lors de la primaire – nous avons rendu sa campagne impossible. On peut regretter un positionnement de campagne qui a progressivement dérivé et donné prise à tous les reproches les plus caricaturaux : « écologie punitive », oubli de l’environnement naturel, dérives gauchisantes… à condition de souligner qu’elle ne fut pas aidée par le parti, bien au contraire. Le dévissage de sa candidature dans les sondages fut en effet consécutif à la conclusion de l’accord législatif EELV / Parti Socialiste. Non qu’il n’était pas nécessaire, mais parce qu’il fut payé de renoncements brutaux sur deux sujets -l’EPR, Notre Dame des Landes- sur lesquels la discordance entre le discours intransigeant de la candidate et l’empressement de la direction du parti à boucler son accord électoral a sauté aux yeux de tous. On peut penser que la pédagogie écolo dont Nicolas Hulot est devenu un praticien éclairé et efficace aurait eu de meilleures chances de réussir. Mais nul ne peut parier, se heurtant aux mêmes difficultés, qu’il n’aurait pas lui aussi été déstabilisé
- Mai 2012. Désorientée et déjà décrochée, la base sociale écolo (associations de protection de la nature, acteurs des renouvelables ..) ne trouve pas matière à resserrer les liens devant le choix de laisser le ministère de l’écologie à une Ministre socialiste. François Hollande, qui paraît mieux manier la langue chinoise que de celle de l’écologie ne sera dès lors pas titillé par un Ministère bénéficiant du poids politique de tout allié d’une coalition.
- 23/30 Mars 2014. Défaite de la gauche et des écologistes aux municipales avec une belle exception grenobloise qui couronne 30 ans d’écologie urbaine opiniâtre.
- 31 Mars 2014. Sortie du gouvernement. Au bout de 2 ans de renoncements divers, militants et élus écolos, nous ressentons un lâche soulagement. Mais nous sous estimons que l’argument mis en avant (pas avec Valls !) est faible et ne convainc qu’un public ultra politisé. Et nous préférons ignorer, à tort, que de très nombreux soutiens et électeurs écologistes ne comprennent pas, à 18 mois de la COP 21, que l’on refuse sans plus d’examen le poste de n°2 du gouvernement à la tête d’un fort Ministère de l’écologie, des transports, de l’énergie.
- Fin 2014. Changement de pied : une « fuite » organisée à la presse nationale met sur orbite « la recherche d’un accord électoral entre EELV et toutes les forces de gauche alternative au PS » pour (sic!) « proposer une alternative au PS de gouvernement et finir devant le PS » .
- Mars 2015. Cette ligne est expérimentée aux cantonales et fait la démonstration que le mariage de l’écologie politique avec le PCF pro nucléaire tout autant que les images de tribune partagées avec Jean Luc Mélenchon, ne convainquent pas les électeurs. Le déni tient lieu d’évaluation. L’erreur devient une faute quand elle est poussée pour les élections régionales au mépris de l’ancrage et des bilans concrets des quelques 250 conseillers régionaux élus écolos en 2010.
- Octobre 2015. Il ne doit pas exister un candidat en campagne qui ne se soit fait envoyer à la figure sur un marché le nom de Jean Vincent Placé. Le Sénateur cristallise aujourd’hui jusqu’à la caricature le rejet souvent virulent de l’écologie politique. Il sait pertinemment que ce sont les listes soutenues par EELV qui paieront le prix électoral de la division qu’il s’ingénie à mettre en scène en pleine campagne avec son ami De Rugy. Leur projet d’écologie centriste apparaît pour ce qu’il est: l’habillage d’un ralliement sans conditions à Hollande et Valls.
- 6 et 13 décembre 2015. Pour la première élection normande, le résultat, à 6,2% 1, n’est pas à la hauteur des espoirs, la déception est particulièrement ressentie après l’échec d’un cheveu au second tour 2.
- Fin décembre 2015. Un an après le virage pro Front de gauche, ses promoteurs, sans se soucier de l’incongruité de la situation, sifflent la fin de la récré et mettent en doute « la pertinence d’un espace politique alternatif qui ne se construirait qu’en opposition au PS » (sic !) proposant au Pdt de la République « une coalition de transformation ». C’est pour moi la goutte qui fait déborder le vase.
- Fin décembre 2015. 2 conseillers régionaux écologistes normands sur 3 refusent un accord technique destiné à éviter que le Front national soit la première force d’opposition de l’assemblée régionale. L’accord proposé garantit pourtant à chaque parties prenante (socialistes , radicaux, écologistes) la plus totale liberté d’action et de parole. Allez comprendre..
Ce rewind est limité à l’agenda électoral. Le rappel des déclarations fracassantes, des voltes faces, et des contradictions publiques, serait aussi fastidieux que douloureux.
L’écologie reste la plus belle des promesses et la politique est à réinventer
L’écologie n’est pas seulement la seule idée neuve du XXI ème siècle.
Ses solutions pour limiter le réchauffement, préserver nos ressources et notre santé des pollutions, pour réinventer la solidarité du local au global, sont « brevetées » par une multitude d’expérimentations citoyennes, en tous points de la planète et génèrent autant d’engagements vivants et concrets.
La campagne de Normandie Ecologie, en dépit des difficultés, s’est nourrie de cette réalité.
Le choix de l’autonomie écologiste a été validé par une campagne de qualité : un projet qualifié, innovant, crédible, élaboré en participatif, une incarnation parfaite par notre tête de liste régionale Yanic Soubien. L’ouverture citoyenne a remarquablement réussi et montré que l’équation de 2010 pouvait encore fonctionner et entraîner une nouvelle génération de candidats et candidates, praticiens de l’écologie dans leurs engagements associatifs et citoyens, leurs métiers, leurs choix de vie, sans forcément croiser la sphère politique.
Le contraste est saisissant entre l’échec d’EELV et la vitalité de la société civile écologiste.
La tentation de se tourner exclusivement vers l’engagement associatif du coté des défricheurs de l’avenir, des entrepreneurs du changement, est donc forte.
N’est il pas préférable, plus utile, de s’employer à essaimer les innovations et les bonnes pratiques de la transition écologique ? A faire aboutir les luttes qui préservent des milieux naturels, des espaces agricoles, des emplois locaux ? A simplement donner du sens à nos vies ? à changer le monde ici et maintenant sans attendre les petits matins des grands soirs ?
Mais on pressent qu’une certaine politique écologique aurait un rôle à jouer, si elle se réinventait. Le combat des idées et la production de sens commun lui redonneraient une légitimité dans un monde perclus d’égoïsmes et de poussées identitaires. Un travail de fond opiniâtre mettrait en évidence des rapprochements aussi iconoclastes qu’utiles (les écologistes et les TPE/PME, les écologistes et les artisans..), lèverait des blocages symboliques et symptomatiques (les écologistes et le rural, les écologistes et les agriculteurs), démontrerait que l’écologie peut devenir le moteur de nouvelles activités industrielles, qu’elle est aussi porteuse d’emplois nouveaux avec le développement de l’économie créative, de l’économie collaborative et solidaire…
Mais l’écologie politique doit aussi faire sa révolution. Contre le populisme ambiant, défendre avec vigueur le rôle des institutions publiques mais bannir les parcours de politique professionnelle. Rejeter les charmes de la présidentialisation et reprendre les flambeaux de la décentralisation et de l’Europe politique. Mobiliser les outils de la société de l’information et de la communication pour co-construire une démocratie nouvelle basée sur l’essor sans précédent de la participation de tous.
Elle doit aussi assumer sa part de la tradition des luttes et des actions du mouvement ouvrier et du mouvement socialiste des fondateurs (action collective, utopie internationaliste, coopération) et assumer qu’elle peut très bien faire un bout de chemin avec les centristes et les républicains soucieux du soin à la nature ou au climat 3
EELV est elle en situation d’opérer ces retournements ? On me permettra d’en douter.
Et de plutôt rêver à un grand mouvement social écologiste qui s’affranchirait de la répartition classique des fonctions (la politique aux partis/la transformation sociale à la société civile) car celle-ci aboutit, me semble t’il, à la sclérose de la politique alors que les effets des transformations sociales sont limités par l’atomisation de celles ci.
Claude TALEB. Mont Saint Aignan, janvier 2016
1 La liste Normandie Ecologie a obtenu 6,2%, 70 000 voix, contre 105 000 en 2010, soit une baisse de 35%. Cette baisse significative est moindre que la baisse moyenne des listes écolos dans les régions y compris dans des régions emblématiques du vote écolo ; en Rhône Alpes la liste EELV/Parti de gauche/Ensemble/Nouvelle Donne a recueilli 50% des voix de la liste EELV de 2010.
2 Les raisons de l’échec sont multiples et partagées, entre les parties prenantes de la liste de second tour (socialistes, écologistes, front de gauche). L’écart final entre la liste Morin et celle de Nicolas Mayer Rossignol fut très faible, de 4700 voix. Alors qu’on a compté 50 000 votes blancs et nuls. On peut affirmer sans risque que le seul total des électeurs qui sont resté chez eux ou ont voté blanc ou nul parce qu’ils en ont assez des provocations « droit dans ses bottes » anti écolos de Manuel Valls , ou parce qu’ils ont été écoeurés par le mépris de Jean Yves Le Drian en région Bretagne, ou parce qu’ils conservaient le souvenir cuisant de l’incapacité des services de l’Etat -Agriculture et Intérieur- à reconnaître les mérites et les droits des jeunes occupants qui ont sauvé la ferme des Bouillons et à leur apporter une autre réponse que violente et policière, est très supérieur au nombre des voix manquantes. Hervé Morin peut leur dire à tous merci.
3 Et reconnaître quand Xavier Bertand se hisse au niveau de jeu requis alors que Le Drian est indigne. Ou que Bartolone caricature de potentat du 93, reste pour des écologistes, le responsable et le coupable de la déstabilisation de la municipalité de gauche écologiste de Montreuil
Lire la contribution en format PDF ICI
Crédits photos Anthony Ceccarelli. Régionales 2010. campagne Europe Ecologie. photo de une : Le Havre, meeting commun de clôture de campagne des listes EELV Haute et Basse Normandie. photo 2 . Rouen. Meeting régionales
Salut Claude
Belle analyse que je partage sur beaucoup de points. En revanche, si j’ai voté Eva Joly aux présidentielles, j’avais défendu la candidature Hulot aux primaires (drôle de primaire d’ailleurs, en dessous de ce qu’avait su faire le PS). Hulot me paraissait plus dans l’esprit d’ouverture de la création d’EELV et surtout mieux compris des Français.
En ce qui me concerne, j’ai quitté EELV cet été, non pas pour rejoindre JVP, mais parce que je constatais avec effarement la chute et surtout l’aveuglement de notre organisation sans arriver à y remédier. Je reste un écologiste passé par la petite entreprise, le rural et l’international, et bien sûr par deux mandats au Conseil Régional Rhône-Alpes (1998-20010).
Bonne année.
Eric ARNOU
Bonjour Claude, je suis d’accord avec ta liste des erreurs et des échecs à quelques nuances près … le soulagement lors de la sortie du gouvernement ne fut pas lâche, cette sortie fut surtout très mal organisée et argumentée . Valls aurait-il laissé plus de marges politiques à un(e) grand(e) ministre de l’environnement qu’il en laisse aujourd’hui à Christiane Taubira obligée d’avaler des boas pour rester au gouvernement ? Valls admire plus Clémenceau que Jaurès, plus le briseur de grèves que celui qui soutenait le développement impétueux du mouvement ouvrier, faisant le choix d’une république niant théoriquement et violemment les conflits sociaux contre la promesse d’une république sociale. Valls n’accepte pas plus aujourd’hui l’innovation écologique que Clémenceau acceptait l’innovation sociale. Quant à Hollande, les références de ce genre n’ont sans doute aucun sens pour lui. En rajoutant Macron, Le Drian et Cazeneuve … où peut être la place des écologistes dans ce tableau ?
Aux cantonales, ce scrutin localisé permettait quand même une certaine latitude dans les alliances, la belle victoire grenobloise que tu salues repose aussi sur une alliance locale couronnant avant tout des décennies de travail des écologistes. Par contre il est vrai que la cacophonie EELV embrouillait le sens de ces alliances locales. J’hésitais sur la conduite à tenir aux régionales, je dois reconnaître que les difficultés internes au Front de Gauche, le poids en son sein des pro-nucléaires et anti-éoliens du PCF, son absence de travail programmatique sur les compétences régionales et son ralliement du second tour sans autre discussion que les postes à prendre, m’ont convaincu du moindre mal de la stratégie de Normandie Ecologie par rapport à une alliance avec le Front de Gauche. De toute façon le vin est amer et il faudra le boire jusqu’à la lie … la gauche est durablement minoritaire et tu t’interroges utilement sur les nouvelles alliances à trouver avec les artisans, les TPE/PME, les agriculteurs … on pourrait même parler aux chasseurs responsables !
Par tradition et expérience militantes je suis sensible à l’idée que l’écologie politique « doive aussi assumer sa part de la tradition des luttes et des actions du mouvement ouvrier et du mouvement socialiste des fondateurs (action collective, utopie internationaliste, coopération) ». Pour que cette idée ne soit pas un vœux pieux, les écologistes ont un gros travail à faire, ils ne doivent plus se contenter d’être solidaires (de loin le plus souvent) des luttes syndicales, en particulier celles pour la défense de l’emploi et ou pour la défense des services publics, ils doivent prouver que les propositions de transition écologique de l’économie, co-construites avec les intéressés, sont les seules à même de dépasser le caractère défensif des luttes actuelles. Sur la région, le travail que tu as initié avec la CGT de Renault Sandouville comme les convergences de fond avec les syndicats de cheminots lors du débat sur la LNPN prouvent que cela est possible si les écologistes n’en restent pas à des oppositions « culturelles » simplistes avec d’autres modes de vie et d’autres traditions militantes.
Assumer cette tradition du mouvement ouvrier implique aussi de ne pas se contenter des simplismes théoriques du genre de ceux de Jean-Paul Besset qui appelle « à rompre avec l’archéo-marxisme » en démissionnant d’EELV. Sans avoir une lecture fondamentaliste et littéraliste du marxisme, il faut quand même reconnaître que « l’archéo-marxisme » et ceux qui l’ont continué théoriquement contre vents et marées, est beaucoup plus proche des préoccupations de l’écologie politique, que sa caricature stalinienne, productiviste, nationaliste et dictatoriale dont le PCF et même le PG ont bien du mal à s’extraire, même si beaucoup de leurs militants s’y essaient. La théorie marxiste de la valeur avec sa distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange, celle de l’aliénation, son internationalisme et j’en passe, auraient tout à fait leur place dans le corpus idéologique indispensable à l’écologie politique du 21ème siècle, tant il est probable que l’environnement sera l’enjeu principal des luttes de classes du futur. Il ne s’agirait pas alors de rompre avec le marxisme mais d’assurer « son dépassement dialectique », comme dans une vision plus spécifiquement française, celui du socialisme jaurésien et de la tradition libertaire.
Il y a du boulot !
Bonjour Eric, bonjour Pierre, merci pour ces éclairages. Comme je l’ai écrit ailleurs, je pose autant de questions que je prétends porter LES réponses. Disons que j’ai essayé de ne pas faire semblant que je n’étais pas moi même acteur pendant tout ce temps..
– Oui Eric, on est en droit de penser que le choix de 2011 ne fut pas le meilleur. Je ne suis juste peut être pas le mieux placé pour le dire « après » et je voulais aussi alerter sur l’hypothèse qu’une candidature Hulot n’aurait pas non plus forcément été un chemin de roses. Sinon, un copain m’a rappelé en privé à juste qu’Eva et son équipe avaient eux mêmes surjoué le dissensus avec le parti au moment de l’accord, pari risque et perdu
– Je comptais bien sur tes nuances, Pierre, à propos de la sortie du gouvernement. Je partage à 100% le diagnostic sur le « socialisme » que porte Valls, là n’est pas le débat. Ma nuance à moi c’est d’abord que je me rappelle avoir effectivement ressenti quelque chose de l’ordre d’un « lâche soulagement ». Le sentiment qui fait qu’à un moment donné tu renonces à te battre de l’intérieur parce que tu te dis que la cause est perdue ou que la perte d’énergie et de sens est trop grande. Mais je n’arrive pas à être à 100% convaincu de la fatalité « d’avaler des boas ». Un-e Ministre écolo légitime, ancrée et s’appuyant sur la société civile, serait un appui précieux pour crédibiliser une alternative au « vallsisme » non? Complètement d’accord avec toute la fin sur la filiation avec le socialisme, à une nuance près : le marxisme c’est en effet la distinction entre valeur d’usage/ valeur d’échange. C’est aussi le pari du « développement illimité des forces productives ». Tu as donc raison d’en appeler à son « dépassement dialectique ». Oups, ça fait du boulot, on ne va pas y arriver tous seuls 🙂
Parmi les commentaires reçus et rendus publics, il y a celui ci, signé Hélène Flautre sur Facebook. Une invitation à la bienveillance et à une certaine forme de confiance dans l’avenir que j’ai trouvé réconfortantes et eu envie de partager :
« On peut toujours compter sur toi pour ne pas se sentir seule en se demandant ce qui se passe ou plutôt ce qui s’est passé! je me dis, dans mes moments de bienveillance, qu’eelv a aidé et légitimé de nombreux projets de transformation qui maintenant vivent leur vie et diffusent leur douces énergies dans la société, et puis aussi qu’eelv a participé à la coproduction d’une nouvelle représentation du monde (et de l’avenir) qui pour être minoritaire n’en est pas moins solidement ancrée.
eelv est maintenant destroyed, comme un surdoué actif et intuitif qui se serait brûlé les ailes, game is over.
L’écologie continue à s’inventer, son expression partidaire électorale et institutionnelle est à repenser de fond en comble.
Mon intuition est que la nouvelle organisation devra totalement assumer à la fois l’interdépendance « révolution personnelle/révolution écologique » et aussi les modes les plus efficaces de gouvernance/participation/intelligence collective (type université du nous) »
Bonjour tout le monde et bonne année à tous,
Avant d’écrire une nouvelle page le moment est venu en effet d’analyser les raisons non seulement de la perte abyssale de crédibilité du parti EELV dans l’opinion, mais aussi du manque d’intérêt ou de considération de la problématique environnementale dans les enquêtes d’opinion.
Sur le premier point je n’ai pas grand chose à ajouter si ce n’est exprimer l’exaspération que peut ressentir l’adhérent de base que je suis de l’affrontement stérile qui pourrit la situation haut-normande depuis des années entre les rouenais et les autres. Dans un tel contexte je vois mal comment on va pouvoir récréer quelquechose de neuf.
Mais ce qui m’interpelle le plus c’est la perte de considération pour les problématiques environnementales. Comment en est on arrivé là alors que des signaux d’alarme clignotent partout (réchauffement, érosion de la biodiversité, augmentation des maladies environnementales,…) ? Une des explications les plus fréquentes est que la crise économique et sociale phagocyte tout le reste. Mais je pense que nous avons aussi à faire face à la perte de crédibilité de la parole experte. Il y a encore 5 ans les experts étaient quasiment unanimes pour prédire qu’après avoir atteint le peak oil le prix du pétrole serait durablement au dessus des 100 $ et que la barre des 200 $ ne tarderait pas à être dépassée; on est aujourd’hui à 37 $ le baril ce que absolument personne n’a vu venir.
Qui peut affirmer aujourd’hui que les constats sur la biodiversité sont aussi inquiétants qu’on le dit ? Idem pour le réchauffement climatique. Nous écologistes sommes quasiment tous convaincus qu’il faut agir rapidement pour éviter que notre planète deviennent invivable. Mais si nous nous trompions sur l’urgence ? Et si nous avions encore 500 ans devant nous pour rectifier le tir et non quelques années ? Mon intuition me dit que non, mais dans le tête de beaucoup de nos concitoyens je pense que cette déconvenue sur le pétrole a du ébranler beaucoup de certitudes, si tant est que la plupart aient jamais eu des certitudes sur les périls environnementaux.
Mais pas de panique, je ne vais pas retourner à l’agriculture conventionnelle, mon engagement et mes convictions pour la bio restent intacts.
En revanche pour ce qui est d’adhérer à EELV en 2016 c’est une autre affaire.
Tout à fait d’accord avec toi; il nous faut inventer un « OVNI » qui associerait mouvements de la société civile et expression dans le champ politique.
Qu’en est-il des engagements annoncés par les verts ?
je suis pressé d’entendre parler de vous !
A bientôt