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ECONOMIE SOLIDAIRE:BILAN A MI PARCOURS

Intervention en séance cet après midi au Conseil régional, à l’appui du vote du budget Economie Sociale et Solidaire 2008.

Monsieur le Président, Mmes et Ms, chers collègues,

L’examen et le vote du 4ème budget spécifiquement dédié à l’économie sociale et solidaire est l’occasion d’évaluer ce qui a été entrepris en un demi mandat.

C’est aussi un beau moyen de mesurer l’ampleur de ce qui reste à faire pour atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés.

En mettant en place des outils appropriés, l ‘Agence pour le développement régional de l’économie sociale et solidaire (l’Adress), le dispositif expérimental de soutien, l’appel à projets éco région solidaire nous souhaitions, dans le cadre du 276, aider les haut normands qui souhaitent entreprendre autrement, créer des biens et des services d’utilité sociale et écologique, favoriser l’émergence de filières économiques nouvelles, ancrées dans les territoires, non dé-localisables, créatrices d’emploi.

On entrevoit aujourd’hui ce qui est possible, on mesure le chemin qui reste à parcourir.

L’Agence a récemment eu l’occasion de démontrer l’appétence du public, et particulièrement des jeunes étudiants en économie, en commerce ou en gestion pour les emplois et les formations dans l’économie solidaire. Le forum qu’elle a organisé, avec très peu de moyens en octobre 2007, a mobilisé des dizaines d’exposants et à attiré plus de 500 participants à la Maison de l’Université à Rouen.

Pour répondre aux attentes de ce public, il faudra savoir, dans les prochaines années, mettre en cohérence des actions de formation universitaire et professionnelle qui sont aujourd’hui éparpillées et méconnues. Il faudra aussi sensibiliser les divers acteurs de l’emploi pour qu’ils intègrent à leurs bouquets d’offres, l’option « entreprendre autrement » qui est aujourd’hui susceptible de séduire un public plus large qu’on ne le croit.

– Pour 2008, l’Adress élabore un programme d’action qui la conduira à formaliser ce travail de promotion des valeurs et des potentiels de l’ESS auprès du grand public et auprès des acteurs des territoires, les élus locaux comme les acteurs privés.

– Initiée courant 2006, la création d’une antenne régionale de l‘URSCOP (l’union régionale des sociétés coopératives) dans la région, a permis, ipso facto et in extremis, de sauver l’entreprise Auxi-chimique reprise par ses salariés. L’Urscop a depuis entrepris un travail de sensibilisation apprécié par les réseaux consulaires, a accompagné plusieurs créations de scop, et nous permettra, en région, de prendre notre part du nouvel essor du mouvement coopératif: depuis 5 ans, au niveau national, le solde net des entreprises coopératives a augmenté de 18% et celui de l’emploi coopératif de 25%.

L’évaluation, par les services de la Région, du premier appel à projets Eco région solidaire, qui avait connu un grand succès en 2006, a d’abord démontré l’utilité de ce dispositif original de soutien à l’émergence de projets: plusieurs d’entre eux, dont je reparlerai, n’auraient pas vu le jour sans ERS.

Cette évaluation a également démontré l’étendue des besoins de professionnalisation des acteurs. C’est pourquoi nous avons complété le dispositif initial d’une action de formation qui sera systématiquement proposée aux lauréats de l’appel 2007.

Il est trop tôt pour mesurer tous les impacts de cet appel à projets qui, je vous le rappelle, s’opère en deux phases: une phase de maturation, d’études de faisabilité des projets puis, si c’est nécessaire, une phase d’expérimentation au cours de laquelle les hypothèses sont validées et l’activité lancée.

Avec l’aide de l’URSCOP, plusieurs coopératives sont en création :

– Samedi 15 décembre, le Président est invité à planter le premier arbre de l‘Ecaux centre, à Auzebosc. En 2008, le site sera construit pour accueillir, en 2009, une plate-forme de produits biologiques, des commerces et des artisans des métiers de l’alimentation saine ou de la construction écologique. Ce projet est aujourd’hui un projet de territoire, il a été labellisé pôle d’excellence rural. Il a incubé dans le cadre d’Eco région solidaire.

– A Fécamp, c’est le premier chantier naval spécialisé dans les coques en bois, le Chantier naval du cap Fagnet, qui sera bientôt créé sous statut de scop. C’est Eco Région Solidaire qui a financé l’étude de marché qui permet aujourd’hui d’espérer la mutation économique d’une action commencée sous statut d’insertion.

– Dans quelques semaines, l’agglomération de Rouen sera la première de France à expérimenter le prêt de vélos à assistance électrique et de vélos pliables, à l’usage des personnes qui cherchent des alternatives à la voiture pour effectuer tout ou partie de leurs déplacements domicile travail. Eco Région Solidaire, dans ce cas, a permis une réflexion globale, à l’échelle de la région sur l’opportunité et la complémentarité de services vélo avec les transports en commun. Cette réflexion portée par la scop Movimento, a été primée dans le cadre d’un programme européen, par le ministère de l’Ecologie. Elle débouche aujourd’hui sur une expérimentation grandeur nature.

Voilà des résultats concrets, d’Eco Région solidaire 2006. D’autres réalisations on vu le jour dans le champ des énergies renouvelables, du recyclage, du maraîchage bio, du tourisme, des services à la personne…

Je crois que ce n’est pas le moindre mérite d’Eco Région Solidaire: nous démontrer les possibilités offertes par la rencontre réussie des cultures associative et des cultures d’entreprise..

En 2008, nous mettrons donc l’accent sur la professionnalisation des acteurs. Nous essaierons aussi de progresser dans la prise en compte dans les poltiques de droit commun, des potentiels et des spécificités des projets ESS.

L’élaboration concertée d’un Label des entreprises d’économie sociale et solidaire, pourrait être l’occasion d’effectuer un travail de fond pour identifier leurs spécificités. Il permettrait, dans un second temps, de décider de bonifier les aides à ces initiatives porteuses d’emploi, d’utilité sociale et d’intérêt général.

Monsieur le Président, chers collègues, j’ai évoqué au début de mon intervention l’ampleur du travail qui reste à accomplir.

Je suis convaincu que les entreprises de l’ESS devraient être mieux reconnues pour la part qu’elles peuvent prendre dans la mutation de notre tissu économique , dans le sens de sa tertiairisation.

Encore faut il mobiliser, pour ce faire, tous les moyens.

L’ex ministre de la cohésion sociale nous a souvent vanté les promesses, en matière de création d’emploi, des services à la personne. Il a récidivé, sous sa casquette de Ministre de l’Ecologie, avec les emplois de l’environnement.

On peut rejoindre son diagnostic, à ce niveau de généralités.

Le problème , c’est que pour potentialiser les besoins de services liés au vieillissement, à la dépendance, à la prise en charge de la petite enfance.. il faudrait ne pas se contenter de la politique actuelle de soutien à la demande, sous forme d’avantages fiscaux, et se concentrer sur la qualification de l’offre, l’organisation des associations. C’est aujourd’hui le contraire qui est fait : il est quand même paradoxal que le secteur associatif soit mis en péril par le développement des grandes enseignes qui se sont précipitées sur ce qu’elles considèrent être des marchés comme les autres.

Coté environnement, rien n’indique, bien au contraire, que les belles déclarations du Grenelle de l’environnement soient suivies d’effet. Un seul exemple: on estime au bas mot qu’un plan national de rénovation thermique qui s’appuierait sur la seule mise aux normes (80 kwh/m2/an) des logements avant vente ou location, permettrait de créer 100 000 emplois, avec la clé des qualifications nouvelles, des métiers valorisant, des milliers d’entreprises et pourquoi pas de nombreuses SCOP parmi elles.

A ce jour, aucune décision n’a été prise, aucun crédit d’Etat n’est programmé. Les associations environnementales engagées dans le Grenelle viennent même de décider, à l’unanimité de suspendre leur participation, excédées, par la politique des effets d’annonce.

En ce qui me concerne, je n’ai nullement la prétention de faire un effet d’annonce. J’ai seulement envie de vous inviter, chers collègues, à examiner attentivement les potentiels de gisement d’activités et d’emploi portés par l’économie sociale et solidaire.

Un peu comme, il y a quelques années, d’autres collègues, vous invitaient, en dépit d’une certaine indifférence, à vous préoccuper des enjeux environnementaux et globaux.

Dans cette attente, je vous invite à approuver les dispositions techniques, administratives et financières contenues dans les pages 447 à 449 du rapport de Monsieur le Président.

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie