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PORT 2000, 10 ANS APRES : MESSAGE DE DOMINIQUE VOYNET

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Lu aux manifestants rassemblés hier.

Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Je ne pourrai pas être parmi vous ce dimanche. J’espère sincèrement, de Montreuil où je suis, que vous êtes nombreux, et que vous êtes déterminés.
Je suis d’autant plus désolée de n’être pas là que j’ai donné, au Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement, beaucoup d’énergie et de passion pour ce qui vous anime et vous mobilise aujourd’hui, la sauvegarde de l’estuaire.

Nous avions passé beaucoup de temps pour permettre, pour construire petit à petit, un compromis qui pouvait être acceptable par tous, une solution qui permette à chacun de de ne pas se sentir perdant. Ce que nous avions conçu, après des mois de discussions, signifiait que la réalisation d’infrastructures lourdes, qui était déjà décidée, devait forcément trouver des compensations. Que nous pouvions, même si le projet initial n’était pas le nôtre, nous permettre de limiter ses impacts, et ménager ce qui était nécessaire, pour la nature et pour la biodiversité.

Dix ans après, je dois constater que les concessions que nous avions obtenues ne sont pas respectées, qu’elles n’auront été que des concessions sur le papier. Vous le savez mieux que moi, les engagements et les grands discours sont bafoués tous les jours par les faits, piétinés sans vergogne !

Je veux vous le dire : on m’a parfois accusée de mollesse lorsque j’étais au gouvernement. Et bien, avec le recul, quand je vois autant de gens, représentant autant d’intérêts particuliers, agir avec autant d’obstination contre l’intérêt public que nous avions préservé, détricoter avec patience tout ce que nous avions fait, je me dis que nous avions bien travaillé. Mais que nous n’avons, décidément, pas changé nos adversaires !

Et ce qui nous a fait défaut à l’époque, ici, dans l’estuaire comme dans tant d’autres combats, c’est l’insuffisante mobilisation des citoyens, et le terrain si grand laissé, par défaut, à toutes les visions de court terme, à tous ceux qui expliquent que l’économie, ce sont des choses sérieuses, et que c’est plus important, tellement plus important, que les petits oiseaux, les milieux naturels et la biodiversité.

J’en suis aujourd’hui convaincue : l’écologie n’a pas seulement besoin d’élus efficaces, de décideurs intégrés dans les institutions, mais minoritaires. L’écologie, la sauvegarde de ce qui est fragile, a besoin, d’abord, de la mobilisation du plus grand nombre. Que chacun se sente concerné, agisse, et proteste, partout où il le peut. C’est ce que vous faites aujourd’hui, et pour cela, je veux simplement vous dire : bravo !

le 15 juin 2008

Dominique Voynet

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie