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Oui au projet éolien offshore des Deux Côtes

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Le projet de parc éolien marin porte ce joli nom parce que les 141 éoliennes, qui feront principalement face à l’espace côtier situé en face et au sud du Tréport, seront visibles, par temps clair, de Dieppe à Cayeux, sur la côte picarde. Je me suis hier rendu sur le site avec Christophe Porquier, tête de liste Europe Ecologie en Picardie. Les enjeux touchent le développement des énergies renouvelables, l’avenir de la pêche, la nécessité du dialogue, les paysages, la politique. Nos constats sont communs.

Un projet écologique : ces 141 éoliennes produiront 700 mégawatts, soit la consommation électrique domestique de 900 000 personnes, deux fois la population de la Crea (communauté Rouen Elbeuf Austreberthe). Je suis comme tous les écologistes opposé au nucléaire et pour décider dès maintenant d’en sortir le plus vite possible. Mais je sais que cela ne sera réalisable que si, au préalable, nous décidons et de réduire drastiquement nos consommations d’énergie et de mettre en oeuvre des alternatives : la production d’énergie renouvelables , pas seulement issues du vent mais aussi bien sur du soleil, de la mer et des marées , de la biomasse. Ce projet n’est pas le seul, et couvrirait 12% des objectifs français de production d’énergie éolienne en mer . Il s’inscrit donc dans une stratégie globale. Mais il a aussi selon moi la fonction de commencer à réparer une anomalie historique : la part des énergies renouvelables est en Haute Normandie de 0,3% alors qu’on vise 21% , notre potentiel d’éolien en mer est totalement inexploité .. du Mont Saint Michel.. au Tréport!

Danger pour la pêche ? Il faut évidemment entendre les pêcheurs, pour la plupart en difficultés, qui s’inquiètent des conséquences d’un tel projet pour leur activité. Il est indispensable que le débat public annoncé à partir d’avril ne se résume pas, comme c’est souvent le cas, à une mascarade de débat mais permette d’apporter des réponses concrètes et précises à ces inquiétudes. Je suis plus que dubitatif sur les intentions et les arrières pensées de ceux qui surfent sur ces inquiétudes pour nourrir une opposition de principe déclarée à l’éolien, qu’il soit maritime et terrestre. Il faut en effet être sacrément hypocrite pour feindre d’ignorer, comme le font des élus locaux et des politiques de tout poil, que les difficultés de la filière pêche sont d’abord dues à la diminution de la ressource. Une diminution liée aux règles européennes et mondiales qui favorisent la sur-pêche industrielle, les navires usines. Une diminution due aux pollutions : ce n’est pas à cause des éoliennes que le Préfet vient d’interdire la pêche aux sardines de Baie de Seine mais parce qu’elles sont contaminées par des PCB! Nous pourrions au contraire nous réjouir du fait que la conséquence prévisible de l’installation de ce parc éolien sera de contribuer au renouvellement de la ressource halieutique! Un rapport récemment publié par l’Université de Stockholm à partir du retour d’expériences des champs éoliens scandinaves (l’équivalent de 20 réacteurs nucléaires!) établit qu’ils ont ainsi permis de développer la vie sous marine, que celle ci y est devenue plus abondante et diversifiée, au grand bonheur des poissons de toute sortes et aussi des crabes, homards et moules que nous affectionnons dans notre région. Les fondations d’éoliennes font récifs. Il a tout lieu de penser que les éoliennes c’est bon pour la biodiversité et c’est bon pour la pêche !

Associer les professionnels de la pêche au projet On peut souhaiter que le Débat public, permettra de répondre en toute transparence aux interrogations des uns et des autres. Je crois toutefois que ce projet à haute valeur environnementale… et symbolique, dans notre région, mérite mieux et plus. Il appartient notamment au maitre d’ouvrage de cet projet d’ouvrir sans craintes un dialogue approfondi avec tous les acteurs . Un projet comparable, au large de Noirmoutier et de l’Ile d’Yeu, destiné à fournir 70 % de l’électricité domestique de la Vendée, fait aujourd’hui consensus et est soutenu par les deux comités locaux des pêches. Ce qui est possible en Vendée ne le serait pas dans notre région? Le projet vendéen a été aménagé pour tenir compte des besoins de pêche (arts dormants, orientation des champs d’éoliennes…) et inclut un important volet de compensations (récifs + aides à la modernisation de la flotte). Les pêcheurs se sont déplacés, à l’invitation du maître d’ouvrage, pour rencontrer leurs homologues britanniques. Les pêcheurs anglais ont confirmé la possibilité de naviguer dans le parc, la possibilité de poursuivre l’activité de pêche, l’augmentation globale de la ressource due à l’effet récif, le bon fonctionnement de leurs équipements radars…

Nos paysages assassinés? Il est étonnant de voir aujourd’hui un responsable des parcs et jardins de Haute Normandie s’associer à la croisade anti Parc des Deux Côtes. Les éoliennes seront au plus près distantes de 14 km de la côte, aussi visibles, par beau temps, qu’une régate sur une ligne d’horizon. Ignore t’il que depuis leur installation en son temps aussi contestée, les éoliennes terrestres de Fécamp, beaucoup plus visible, sont devenues une fierté locale et une des destinations de promenade préférées des fécampois et de leurs visiteurs. Méprise t’il le potentiel « tourisme industriel » qui pourrait être généré pour le nord du Département? S’est il à contrario un jour interrogé sur l’impact déplorable, pour l’attractivité touristique de toute la Normandie, de l’omniprésence des installations nucélaires

Les politiques dans tout ça? Un certain nombre de responsables politiques ont décidé de surfer sur les peurs… D’autres, sont pour l’éolien et pour le nucléaire. D’autres encore pour l’éolien, pour le nucléaire, pour le terminal méthanier, pour de nouvelles centrales au charbon, l’overdose énergétique en somme !

Les écologistes sont aujourd’hui les seuls à anticiper la révolution de l’énergie et à préconiser d’investir massivement et exclusivement dans les technologies de l’avenir. Parce que la politique c’est choisir. Le choix de la planète plutôt que celui .. du retour à la bougie par épuisement des ressources fossiles!

11 Commentaires Post a comment
  1. fred #

    Bonjour ,

    Un projet très intéressant en effet, mais dans quelle logique économique?

    N’oublions pas que la planete est à défendre d’une part dans un contexte écologie/environnemental, mais aussi dans un contexte écologie/social. Et là , j’ai un doute sur "l’anticipation des Verts et d’Europe Ecologie"…

    surtout quand je lis les analyses de votre chef Dany cohn Bendit dont la nature favorable à une économie capitaliste n’est plus à prouver.

    quelles seront les sociétés qui fourniront ces éoliennes…Des filiales de Dassaut, Boloré voire total ?

    février 19, 2010
  2. Bonjour,

    Je crois que c’est tout l’objet du propos ; convaincre que le choix écologique est en l’espèce un atout pour l’avenir de la filière pêche.
    C’est d’ailleurs le fil conducteur qui fait l’originalité du projet d’Europe Ecologie : non pas opposer le social ou l’économique à l’écologie mais engager sans attendre la mutation écologique de l’économie : répondre à l’urgence et créer les métiers et les emplois de demain.

    Qui construira exploitera ces champs d’éoliennes ? On peut en effet regretter que notre opérateur national de service public se soit employé depuis 30 ans à nous faire rater le train des renouvelables et persiste dans l’erreur en nous imposer une filière nucléaire qui est une aberration économique autant qu’écologique. Le service public c’est l’intérêt général, la préparation de l’avenir, les générations futures.. le moindre que l’on puisse dire est qu’EDF en est loin. Et la place laissée a été occupée par d’autres, des industriels allemands, danois, américains, indiens…et aussi, depuis peu, par une filiale de GDF-Suez. A qui la faute?

    février 20, 2010
  3. Pour compléter cet article rappelons que le port d’Antifer, dont l’utilité pétrolière ne m’a jamais paru évidente, présente cependant un intérêt que tous les pêcheurs du coin apprécient : sa digue en blocs de béton est devenue très vite un repaire pour les poissons et les crustacés et l’intérêt des fondations d’éoliennes constaté par les scandinaves est d’ores et déjà vérifié en Manche.

    février 24, 2010
  4. guillaume #

    J’ai bien lu tes arguments, Claude, et j’en reconnais la pertinence.

    Un élément me fait cependant douté de la viabilité du projet des deux côtes tel qu’il se présente aujourd’hui.

    Il me semble que c’est le groupe Suez qui est maitre d’oeuvre. Or on ne peut pas dire aujourd’hui que cette entreprise soit très écologiste…

    Peut-on confier le développement des ENR à une société qui annonce à grand renfort de communication son désir de développer un nouveau réacteur nucléaire, l’ATMEA ?

    février 25, 2010
  5. Claude #

    Salut Guillaume,
    Ta question concernant l’opérateur est pertinente.. et restera posée sans doute encore pour un moment.
    Ce qui est incontournable, c’est le besoin d’acteurs industriels "un peu" capitalisés au point d’être capables d’investir… 700 millions d’Euros. Ca, dans l’économie sociale et solidaire on ne sait pas faire.
    Après, j’ai envie de dire qu’il y a deux options selon qu’on est pessimiste ou optimiste.
    Dans le premier cas en effet on en reste à une défiance justifiée par le positionnement du groupe GDF sur les prochains réacteurs nucléaires ; j’ai entendu ce matin qu’ils pressaient l’état de décider d’en construire un nouveau, dans la vallée du Rhône.
    Dans la seconde hypothèse, on parie sur le fait que la sortie du nuc et d’ailleurs aussi du pétrole abondant et pas cher, impliquent, si on veut éviter la fermeture sèche de sites et des licenciements massifs, que les gds industriels du secteur convertissent progressivement, mais massivement, leurs outils, leurs savoir faire industriels.. et leurs capitaux, sur les renouvelables.
    On est en droit de penser que les plus éclairés d’entre eux créent aujourd’hui des filiales dédiées aux ENR comme des pilotes destinés à anticiper d’éventuels et ultérieurs engagements.
    Gardons nous de tout optimisme.
    Est ce pour autant une raison pour nous infliger nous mêmes une forme de "double peine" : on se priverait d’ENR industrielles et on garderait le nuc ? Je ne le crois pas.

    février 25, 2010
  6. Guillaume #

    En effet, la situation est plus que déséquilibrée dans la région. Les ENR ne sont guères présentes et l’on peut s’inquiéter de toutes les résistances à leur développement.

    Promouvoir les nouveaux projets, si tant est qu’ils s’inscrivent dans une dynamique participative et respectueuse de l’environnement comme des paysages, s’imposent aujourd’hui.

    En espérant que les débats publics sur Penly et les Deux Côtes nous permettent de convaincre le plus grand nombre

    mars 1, 2010
  7. SOS à l'horizon #

    Il faudrait déjà demander l’avis des professionnels, municipalité,et populations concernés, qui n’ont rien à gagner avec ce projet totalement utopique et inutile, qui n’a d’intérêt que pour le promoteur qui veut les imposer.
    Que ceux qui les veulent , les prennent ! Nous avons déjà les centrales nucléaires . Merci !
    Au Débat Public, tous diront NON

    mars 6, 2010
  8. Claude #

    Demander l’avis des populations, après un débat contradictoire et écaliré? je suis pour.
    Et après je ne doute pas que vous serez d’accord pour en faire autant avec le projet EPR?
    Projet utopique et inutile ? c’est votre opposition stérile qui nous tire en arrière , nous ramène.. à la bougie !

    mars 7, 2010
  9. xavier #

    je pense que ce projet serait bénéfique pour la région dieppoise de part la création d’emplois qu’il générerait ( manutention portuaire, logistique, exploitation et entretien des turbines ) ainsi que par les retombées économiques pour les communes envirronnantes.
    Je pense néanmoins que le secteur de la peche traditionnelle va etre touché !!
    Y’aurait il possibilité de déplacer cette ferme éolienne en fonction des zones de chalutage ?

    mars 19, 2010
  10. Claude #

    C’est indispensable. C’est parfaitement possible . la preuve : http://www.wpd-projetdeuxiles.fr/in

    mars 19, 2010
  11. xavier #

    j’espère que cela se passera pareil, les marins pecheurs sont suffisamment handcapés ( prix du gasoil , quotats , zone d’extraction de granulats, etc…)

    mars 19, 2010

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POUR UN NEW DEAL ÉCOLOGIQUE écologiste, conseiller régional de Normandie